FRANCK César

(1822-1890) Epoque postromantique

César Franck fut perçu comme la figure de proue de la musique française de la seconde moitié du XIXe siècle. Le rayonnement de son enseignement fut considérable. Entre spiritualité et sensualité, il laisse une œuvre au caractère énigmatique et d’une irrésistible force de séduction.

César Franck en 10 dates :

  • 1822 : Naissance à Liège (alors aux Pays-Bas)
  • 1830 : Inscrit par son père au Conservatoire de Liège
  • 1834 : Grand Trio en ut mineur pour piano, violon et violoncelle (sa première composition instrumentale connue)
  • 1837 : Entre au Conservatoire de Paris
  • 1859 : Nommé organiste de l’église Sainte-Clotilde
  • 1872 : Nommé professeur d’orgue au Conservatoire de Paris
  • 1884 : Prélude, choral et fugue pour piano
  • 1886 : Psyché, poème symphonique.
    Sonate en la majeur pour piano et violon
  • 1888 : Symphonie en ré mineur
  • 1890 : Mort à Paris

 

Organiste à l’église Sainte-Clotilde à Paris, Franck compose pendant les vacances d’été

Les nominations consécutives de César Franck à la tribune de la nouvelle église Sainte-Clotilde en 1859, puis comme professeur d’orgue au Conservatoire de Paris (il n’obtiendra jamais le poste convoité de professeur de composition) en 1872, sont le gage d’une aisance financière lui permettant de se consacrer davantage à l’écriture. Une délivrance pour ce musicien né en 1822 à Liège qui, après avoir subi la tyrannie d’un père d’une radinerie redoutable, courra longtemps le cachet en tant que pianiste. Si son oratorio Les Béatitudes l’occupe dix années (1868-1878), à partir de là, en effet, il arrachera à chacune de ses vacances d’été une partition magistrale. Une fièvre créatrice l’anime, comme s’il voulait rattraper le temps perdu et que vont développer aussi bien ses réflexions personnelles que ses contacts quotidiens avec ses élèves. La leçon est édifiante si l’on compare ses premières pièces avec piano, qui versaient dans la mondanité, et ses ultimes opus, marqués au sceau de l’absolu !

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Un été indien parmi les plus miraculeux de l’Histoire de la musique

Franck médite sur son art ; et ce qui va voir le jour après son Quintette pour piano et cordes en fa mineur (1879) est le fruit de cette macération le conduisant à sacrifier toujours davantage la séduction et les plaisirs faciles, objet de ses trios et concertos pour piano de jeunesse. Parmi cette moisson d’un des étés indiens les plus miraculeux de l’histoire de la musique, citons les poèmes symphoniques Le Chasseur maudit et Psyché, Prélude, Choral et fugue pour piano (« l’une des dix partitions que l’on emmène sur une île déserte », disait Alfred Cortot), les Variations symphoniques pour piano et orchestre, la Sonate pour piano et violon et le Quatuor à cordes en ré majeur. La célèbre Symphonie en ré mineur réalise la synthèse du romantisme allemand et du « classicisme » à la française : structurée en trois mouvements, cette composition emblématique fait réapparaître dans l’« Allegro non troppo » final les thèmes essentiels de la symphonie suivant le principe de la forme cyclique cher à l’auteur. Malgré ses 68 ans, Franck semble ainsi déborder de projets. En 1890, voit le jour à Nemours un recueil d’une qualité exceptionnelle, les Trois Chorals pour orgue, qu’il charge de toute sa foi profonde. Ils formeront son testament musical.

Final de la Sonate pour piano et violon en la majeur (Renaud Capuçon et Khatia Buniatishvili)

 

Une figure mythique auprès des musiciens français de la génération suivante

César Franck eut une influence considérable sur les musiciens français de la génération suivante (que d’aucuns surnommèrent par boutade la « Franck-maçonnerie »), parmi lesquels Ernest Chausson, Vincent D’Indy ou Guillaume Lekeu, au point que la postérité s’est emparée du personnage pour en faire une figure mythique, à la fois saint et martyre de la musique, totalement voué à son art tourné vers le ciel et exposé à l’adversité la plus tenace – Camille Saint-Saëns ne cacha jamais ses réserves face à la fameuse forme cyclique et à l’harmonie torturée qui caractérisent le style de Franck. Vincent D’Indy, qui se voulait le disciple favori, a joué un rôle central dans cette béatification abusive.

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Le langage musical du dernier Franck, bien que procédant de Wagner (pâte orchestrale, chromatismes), se reconnaît aussitôt. De même que Bach, il parvient à réaliser le suprême équilibre entre richesses polyphonique et harmonique. La sensualité lourde et comme chargée de regrets qui se dégage de pages profanes telles Psyché, le Quintette pour piano et cordes en fa mineur ou la Sonate pour piano et violon en la majeur (sans doute l’un des modèles de la « petite phrase de Vinteuil » de Marcel Proust) montre une autre facette de celui que la postérité s’est complu à figer en « Pater Seraphicus » d’une fausse légende saint-sulpicienne.

 

Jérémie Bigorie

 

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