MASSENET Jules

(1842-1912) Epoque postromantique

Jules Massenet a composé trois des plus grands chefs d’oeuvre lyriques français : Manon, Werther, et Thaïs. C’est dans cette peinture des passions intimistes et romantiques qu’il a donné le meilleur de son talent, faisant preuve d’un métier incomparable. Il a mené une carrière brillante et a été couvert d’honneurs de son vivant.

Jules Massenet en 10 dates :

  • 1842 : Naissance près de Saint Étienne
  • 1863 : Prix de Rome
  • 1866 : Mariage avec Ninon de Gressy
  • 1877 : Le Roi de Lahore (création à l’Opéra de Paris)
  • 1878 : Professeur de composition au Conservatoire
  • 1884 : Manon (création à Paris)
  • 1892 : Werther (création à Vienne)
  • 1894 : Thaïs (création à Paris)
  • 1899 : Cendrillon (création à Paris)
  • 1912 : Mort à Paris

 

Jules Massenet a bénéficié d’une formation musicale au plus haut niveau

Douzième et dernier enfant d’une famille aisée, le jeune Jules commence le piano avec sa mère puis il est reçu à onze ans au conservatoire de Paris, où il obtient le premier prix de piano. Il intègre par ailleurs la classe de composition dirigée par Ambroise Thomas. Jules Massenet effectue un parcours brillant, qui est couronné par l’obtention du prix de Rome en 1863. Massenet séjourne alors deux ans à la Villa Médicis, où il commence l’écriture d’un opéra d’après Victor Hugo, Esmeralda, qui restera inachevé.

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À son retour à Paris, se dessinent les prémices d’une belle carrière.

Pendant son séjour romain, Jules Massent a rencontré une élève de Liszt, Mlle de Sainte-Marie, qu’il épousera une fois rentré à Paris. Il reçoit alors une commande de l’Opéra-Comique en tant que lauréat du prix de Rome. Ce sera sa première œuvre lyrique, La Grand’Tante, ouvrage en un acte créé en avril 1867, et qui reçoit un bon accueil de la critique. Puis en 1872 il créé, toujours sur la scène de l’Opéra-Comique, Don César de Bazan. Le succès n’es pas au rendez-vous. Une partie de la distribution est celle qui créera Carmen en 1875. Les deux compositeurs étaient d’ailleurs amis, et Massenet composera un Lamento pour les obsèques de Bizet, mort le soir de la 33e représentation de Carmen.

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Jules Massenet remporte son premier succès parisien avec Le Roi de Lahore

Après l’échec de Don César de Bazan, Massenet se lance dans l’écriture d’un grand opéra en cinq actes, Le Roi de Lahore, sur un thème exotique, une histoire d’amour et de jalousie dans un royaume indien. Il lui faudra cinq années de travail. La création, en avril 1877 au Palais Garnier est un triomphe. Gounod lui-même vient embrasser son jeune confrère, tandis que Tchaikovsky admire la clarté d’écriture de cet opéra, qui est à l’origine de la réputation dont Massenet va dès lors jouir en France et à l’étranger. Ce succès lui vaut aussi d’être nommé l’année suivante, à trente-six ans, professeur de composition au Conservatoire, puis d’entrer à l’Institut.

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Manon, Werther et Thaïs, les trois coups de génie de Massenet

Massenet va renouveler en 1881 le triomphe du Roi de Lahore avec Hérodiade, créé non pas à Paris, mais au théâtre de la Monnaie de Bruxelles. Massenet prépare alors avec le librettiste Henri Meilhac, ce qui sera l’une de ses œuvres emblématiques, Manon, d’après le roman de l’abbé Prévost. L’ouvrage est créé à l’Opéra Comique en janvier 1884, et remporte un grand succès public. L’année suivante, Massenet enchaîne avec un nouveau triomphe au Palais Garnier : Le Cid qui marque son retour au grand opéra. Massenet va alors concentrer ses efforts sur un opéra au cadre plus intime, Werther, assez fidèlement inspiré du roman de Goethe. L’ouvrage est d’abord créé en allemand à Vienne en 1892, puis donné l’année suivante à Paris, avec un succès relatif. Deux ans plus tard il créé à l’Opéra une œuvre initialement prévue pour l’Opéra-Comique : Thaïs, sur un livret de Louis Gallet, déjà auteur du Roi de Lahore, d’après Anatole France. Là encore l’accueil est mitigé, et Massenet procède à plusieurs modifications de cet opéra rendu célèbre par l’air de Thaïs « Ah! Je suis seule », et surtout la méditation devenue une pièce de concert.

La violoniste Nicola Benedetti dans La Méditation de Thaïs (Orchestre Philharmonia, dir. Rainer Hersch)

 

Jules Massenet termine le siècle en beauté avec Cendrillon qui sera donnée à travers le monde

Après cette trilogie Manon, Werther, Thaïs, Massenet compose La Navaraise créée au Covent Garden en 1894, puis aborde le conte de fée avec Cendrillon adaptée de Perrault. Une nouvelle fois tout son génie va s’exprimer dans cette œuvre qui voit le jour en 1899 à l’Opéra-Comique. Le public ne s’y trompe pas, et Cendrillon est jouée plus de soixante de fois, avant de s’exporter à Rome, Bruxelles, Genève, Milan, mais aussi Buenos Aires et La Nouvelle Orléans. De 1900 à 1912 Massenet continue de composer. Il écrira une dizaine d’œuvres lyriques, parmi lesquelles Le Jongleur de Notre Dame, Griselidis, Ariane, Thérèse, Don Quichotte, Panurge, ou encore Roma, qui sans avoir la force de ses chefs d’œuvre précédents, sont encore donnés, pour certaines, avec un certain succès. Jules Massenet meurt à Paris en août 1912 quelques mois après la création à Monte Carlo de Roma qui restera son ultime opéra.

 

Philippe Hussenot

 

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