Fauré reste associé au charme et à l’élégance de la Belle Epoque. Mais on aurait tort de lui coller une étiquette de musicien de salon, comme en témoigne le raffinement harmonique de ses œuvres tardives. Grand représentant de la mélodie française, Fauré écrit une musique intime, qu’elle soit vocale ou instrumentale, et quel que soit son effectif. Même ses œuvres chorales ou orchestrales relèvent davantage d’une rêverie intérieure que d’une démonstration théâtrale. (Notre Top 5 en bas d’article.)
Fauré est aussi à l’aise à la tribune d’orgue d’une église que face à une pièce de théâtre
Formé non pas au Conservatoire mais à l’école Nidermeyer, avec Saint-Saëns comme professeur, Fauré gagne sa vie en tant qu’organiste. La consécration dans ce domaine viendra en 1896, lorsqu’il est nommé titulaire du grand orgue de la Madeleine à Paris. Sa fréquentation des églises n’implique pas pour autant une foi religieuse : Fauré semble être resté athée. Son Requiem relève de la nécessité liée à ses fonctions, et d’un défi personnel d’écrire une œuvre religieuse qui ne soit pas opératique, contrairement à ceux de Berlioz ou de Verdi. Le théâtre l’attire aussi, qui donnera lieu à un opéra (Pénélope) et une musique de scène pour la pièce Pelléas et Mélisande de Maeterlinck (d’où est tiré la fameuse Sicilienne), dont Debussy s’inspire également.
A lire aussi
Les salons et les sociétés de musique de la Belle Epoque s’intéressent à ses œuvres, notamment ses mélodies
En 1886, Fauré rencontre la comtesse Greffuhle. Cette aristocrate parisienne aime jouer de son entregent pour favoriser les artistes et les scientifiques. Très mélomane, elle décide de soutenir Fauré. La Pavane qu’il lui dédie nous donne idée de la grâce et du charme qu’elle exerçait sur tous ceux qui la croisaient. Dans les salons, on chante les mélodies du compositeur. Parmi les poètes qu’il choisit, Fauré marque une prédilection pour Verlaine. L’accompagnement du piano, souvent fluide, témoigne d’une recherche harmonique de plus en plus subtile au fil des années. Une tendance qu’on retrouve dans sa musique de chambre et ses pièces pour piano seul. Ce cheminement vers la complexité est-il accéléré par la surdité qui le frappe dès 1903 ? Comme Beethoven avant lui, Fauré explore de plus en plus son monde musical intérieur au fur et à mesure que le monde extérieur lui échappe.
Sixtine de Gournay
1) Sicilienne de Pelléas et Mélisande (Orchestre philharmonique de Berlin, dir. Tugan Sokhiev)
2) Dolly, Suite pour piano à 4 mains (Lucas et Arthur Jussen)
3) Pavane pour orchestre (Orchestre philharmonique de Berlin, dir. Simon Rattle)
4) Elégie pour violoncelle et piano (Harriet Krijgh et Alexandre Tharaud)
5) In Paradisum du Requiem (la Chapelle Royale, dir. Philippe Herreweghe)