Ludwig van Beethoven a pu entendre sa neuvième symphonie

La légende dit que Beethoven a composé certains de ses plus grands chefs-d’œuvre alors qu’il était complètement sourd. Un musicologue américain, éminent spécialiste du compositeur allemand, prétend qu’il entendait encore de l’oreille gauche jusqu’à peu de temps avant sa mort en 1827.

Beethoven a composé sa 9symphonie à la fin de sa vie, en 1824

Selon l’hebdomadaire anglais The Observer, Theodore Albrecht, professeur de musicologie à l’université d’État de Kent dans l’Ohio, dispose d’éléments significatifs qui démontrent que, si Ludwig van Beethoven a souffert d’une sévère détérioration de ses capacités auditives, il ne les a pas perdues autant que les musicologues l’ont jusqu’ici estimé.

 

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Il considère même que Beethoven a pu entendre sa dernière symphonie, la 9e, créée en 1824 et certainement ses dernières œuvres, les quatuors à corde terminés en 1827, année de sa mort. Dans sa démonstration, Theodore Albrecht s’appuie sur les carnets que Beethoven confia à partir de 1818 (alors que son infirmité auditive s’était déclarée en 1798) à ses interlocuteurs afin qu’ils écrivent leurs réflexions et leur questions et qui permettent d’estimer avec précision à quel rythme les capacités auditives du compositeurs s’étaient dégradées.

 

Beethoven donnait des conseils à des malentendants

Dans les 139 carnets qu’il a étudiés, le musicologue américain assure avoir trouvé 23 références à l’infirmité du compositeur, qui prouvent que Beethoven « pouvait encore entendre quelque chose». Il évoque par exemple la rencontre du compositeur avec un homme, lui même malentendant, à qui il conseille : « Des bains et l’air de la campagne qui vont améliorer beaucoup de choses. N’utilisez pas d’appareils mécaniques trop vite. En m’abstenant d’en abuser, j’ai préservé mon oreille gauche de manière assez efficace ». Dans un autre récit, de 1824, Beethoven écrit qu’un musicien lui fait une recommandation: « Vous pouvez déjà diriger l’ouverture tout seul mais diriger l’intégralité du concert nuirait trop à votre audition. Par conséquent, je vous déconseille de le faire», ce qui laisse penser que Beethoven entendait encore suffisamment à cette époque pour envisager de diriger un orchestre.

 

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Sur un plan plus technique, aux musicologues qui suggèrent que Beethoven, plus sa surdité empirait, aurait privilégié les notes moyennes et inférieures Theodore Albrecht répond que l’étude approfondie de ses dernières œuvres, comme la 9symphonie, prouve qu’il y avait exploité tous les registres, des aigus du piccolo aux graves de la contrebasse. Des éléments qui tendent à prouver que le maître de Bonn pouvait donc encore entendre un peu à la fin de sa vie mais qui, selon Theodore Albrecht, n’enlèvent rien au fait que Beethoven « a continué de composer malgré un handicap considérable pour un musicien ». Le musicologue, qui continue de traduire les carnets de Beethoven, promet d’autres révélations qui étayeraient sa thèse. En mars, il publiera de nouveaux résultats de ses travaux dans le journal spécialisé allemand Die Wienner Oboe et, en mai, l’éditeur Boydell & Brewer publiera le 3volume (sur 12 annoncés) de ses « Livres de conversation de Beethoven ».

 

Philippe Gault

 

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