Brahms est l’un des compositeurs romantiques les plus importants du XIXème siècle. Des Danses hongroises à ses relations avec le couple Schumann ou le géant Wagner, que savez-vous de Brahms ?
Brahms a joué ses Danses hongroises dans des bars pour gagner sa vie
Faux. Certes, Brahms a joué du piano dans des tavernes. Il a commencé à gagner sa vie comme ça, dès l’âge de treize ans. Mais ce n’est que quelques années plus tard qu’il s’initie à la musique tzigane, grâce au violoniste Eduard Reményi. Ensemble ils feront des concerts, et c’est à la suite de cette rencontre que Brahms écrira les Danses hongroises. A ce moment-là, il ne joue plus dans les tavernes. Lorsque Brahms fait éditer ses Danse hongroises, il refuse d’y accoler un numéro d’opus, car il estime qu’il a largement puisé dans le répertoire populaire pour écrire la plupart d’entre elles. Reményi, jaloux, en profite alors pour tenter d’en revendiquer la paternité !
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Après Clara Schumann, Brahms ne s’est jamais marié et n’a pas eu d’enfants
Vrai. Brahms rencontre le couple Schumann en 1853. Il tombe tout de suite amoureux de Clara, la femme pianiste du compositeur. Lorsque Schumann est interné, Brahms la soutient. A-t-elle répondu à ses avances ? Des lettres ambiguës incitent certains à le croire. Mais, après le décès de son mari, elle prend ses distances. Ils restent néanmoins amis toute leur vie et s’écrivent beaucoup. Mais comme ils ont brûlé une grande partie de leurs lettres, il est bien difficile aujourd’hui de savoir quel a été leur réel degré d’intimité. Après Clara, Brahms est retombé amoureux. Elle s’appelle Agathe von Siebold. Elle est soprano. Mais la passion que Brahms éprouve pour elle reste platonique. Finalement Brahms est toujours resté célibataire, en prétendant qu’il n’arrivait pas à renoncer à sa liberté…
Intermezzo pour piano op. 117 n°2 (Nelson Freire)
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Beethoven a tellement impressionné Brahms qu’il n’a jamais osé écrire de symphonie
Faux. Brahms a écrit quatre symphonies. Mais l’ombre du géant Beethoven l’a en effet longtemps tétanisé. Brahms a mis vingt-deux ans pour écrire sa Première Symphonie ! Commencée en 1854 sous les encouragements de Schumann, elle n’est créée qu’en 1876 après de nombreux remaniements. Sans doute aussi Brahms était-il intimidé face aux symphonies de Schumann lui-même, son mentor pendant quelques mois dont il a beaucoup contribué à diffuser les œuvres après sa mort.
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Johann Strauss et Brahms vivent tous les deux à Vienne et s’apprécient beaucoup
Vrai. Brahms s’installe à Vienne en 1863. Johann Strauss, le “roi de la valse”, y est né et fait danser toute la ville avec ses frères Joseph et Eduard à la suite de leur père. Bien que leur musique soit d’un style bien différent, Brahms et lui s’estiment beaucoup, aux plans humain et musical.
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La clarinette est l’instrument préféré de Brahms qui écrit pour elle ses premières œuvres
Faux. C’est pour le piano, son instrument, que Brahms écrit ses premières œuvres. Quant à la clarinette, il ne l’utilise d’abord pendant longtemps que dans l’orchestre : concertos pour piano ou cordes, symphonies, sérénades. Encore n’y tient-elle qu’un rôle assez standard. Ce n’est qu’à la fin de sa vie qu’une rencontre va lui faire redécouvrir l’instrument sous un autre jour : le clarinettiste Richard Mühlfeld. Brahms écrit alors au soir de sa vie quelques-uns de ses chefs-d’œuvre les plus bouleversants. Pas de concerto, comme Mozart ou Weber. Seulement des œuvres de musique de chambre. Intimes.
Sonate pour clarinette et piano n°2, 1er mouvement (Yoonah Kim, clarinette)
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Wagner et Brahms ont une vision très différente de ce que doit être la musique de leur temps
Vrai. Brahms est très attaché aux maîtres du passé tels Bach, Haendel ou Haydn. Pour lui, la musique ne doit pas se soucier de son époque et se suffit à elle-même. Wagner, à l’inverse, prétend créer une “nouvelle musique”. C’est – en simplifiant beaucoup – le Gesamtkunstwerk, l’œuvre d’art totale. A la même époque, Liszt veut aussi renouveler la musique avec le poème symphonique : la musique instrumentale exprime un contenu extra-musical, qui n’est pas uniquement une émotion mais peut être un paysage, un roman, un poème etc. Chacun des deux camps trouvent des défenseurs. Le critique musical Hanslick, très influent à Vienne, prend parti pour Brahms. Mais ce dernier s’éloigne vite de la polémique, préférant composer que gloser. D’autant plus que Wagner se consacre à l’opéra, un genre qui n’attire pas Brahms. Wagner, en revanche, ne manque pas une occasion de dénigrer la musique de Brahms. Question de caractère…
Sixtine de Gournay