Remaniement : L’impatience monte dans les rangs de la Macronie

J.E.E/SIPA

La semaine passée, Elisabeth Borne s’était fendue d’une filiation entre le Rassemblement national et le maréchal Pétain, provoquant l’ire du Président de la République Emmanuel Macron. Un an après sa nomination à Matignon, la position de la Première ministre semble plus que jamais fragilisée.

Au sein de la majorité, certains sont à bout de patience et d’autres à bout de nerfs. Il faut voir ce cadre de la Macronie attablé à une terrasse parisienne en train de faire défiler sur son smartphone la très longue liste du gouvernement : « Lui il reste, elle, il faut la virer, lui aussi, lui on va le garder puisqu’il est Modem etc. etc. » C’est le jeu à la mode : chacun y va de son hypothèse sur le timing comme sur la composition d’un remaniement.

La plupart des macronistes tombent toutefois d’accord pour dire que le grand public y serait totalement indifférent. Certes, mais l’actuelle équipe ne commence-t-elle pas à faire plus de mal que de bien ? « Nous avons la tronche d’un gouvernement en fin de course, constate l’un des rares poids lourds actuels. « C’est un problème parce que le microcosme politico-économico-médiatique ne considère plus notre parole comme performative ».

Un remaniement ministériel comporte des risques pour Emmanuel Macron

Une ambiance « fin de règne » au bout de seulement un an. Incompatible avec les réformes ou même juste la simple ambition d’agir. Autre grand classique des fins de mandat, mais qui, là, intervient au bout de douze mois : les administrations ont ces dernières semaines repris la main sur les cabinets ministériels ! Attention danger ! C’est ce qu’il faut à tout prix éviter si vous voulez que quelque chose change dans le pays.

En tout cas, la violente explication de texte avec sa première ministre sur le Rassemblement national « héritier de Pétain » a servi de déclencheur. Les grands fauves ont vu dans cet étalage le signal d’un remaniement imminent. Ce qui pourrait avoir du sens à l’approche du 14 juillet, date qu’avait choisie Emmanuel Macron pour marquer la fin de ses fameux cent jours.

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Alors, Elisabeth Borne elle-même s’organise comme on le fait dans une place forte assiégée. Gérald Darmanin essaie de se positionner comme le seul capable d’arrimer la droite (au moins une partie). Bruno Le Maire soigne ses réseaux en recevant cadres et députés de la majorité lors de déjeuners à Bercy.

Les tenants de l’aile gauche se positionnent en faveur de Borne parce qu’ils craignent les hypothèses Darmanin ou Le Maire. Ils bombent le torse devant les journalistes en faisant mine de mettre leur démission dans la balance si le texte immigration devait pencher trop à droite.

Bref tout le monde s’agite « au cas où » car ce n’est pas fait. D’abord, sur le fond : l’Elysée veut pouvoir donner du sens politique à cet éventuel remaniement, ce qui, à ce stade, ne saute aux yeux de personne. Enfin sur la forme, s’il veut prendre encore plus de temps, il le fera, le président n’a jamais remanié sous la pression.

David Doukhan

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