Plusieurs sondages récents indiquent que les propositions de LR en matière d’immigration sont plébiscitées. La pression de ces Français interrogés par les instituts peut-elle peser dans les choix que fera le gouvernement qui se refuse à « diviser l’opinion » ?
Près de 80 % des Français sont favorables à ce que les demandes d’asile soient formulées avant l’entrée sur le territoire français, selon Odoxa dans Le Figaro. 72 % pour un référendum, 68 % pour la suppression de l’aide médicale d’Etat, 62 % pour déroger au droit européen en matière de politique migratoire.
L’exigence de l’opinion est en effet explicite. Elisabeth Borne avait voulu dans un premier temps repousser le projet de loi sur l’immigration pour, avait-elle dit, ne pas diviser l’opinion. Tous les sondages montrent au contraire que s’il y a un sujet qui réalise un certain consensus, c’est bien celui-là ; et dans le sens d’une plus grande fermeté. Et ce, toutes sensibilités confondues, y compris dans l’électorat de gauche.
Les propositions des Républicains divisent fortement la Macronie
Forts de leur initiative du week-end, les Républicains cherchent donc à pousser leur avantage. Ils ont écrit hier une lettre à Emmanuel Macron lui demandant de convaincre sa majorité qui, on le sait, n’est pas très allante sur la question. Cette majorité bouge, mais dans les deux sens. Ce qui fait apparaître de manière évidente des divergences au sein de la macronie.
Vous avez tout un courant, et pas uniquement l’aile gauche de Renaissance, qui dénonce les propositions de LR ; qui voit dans le rétablissement de la primauté du droit national sur le droit européen un Frexit ; qui accuse la droite de faire un copier-coller du Rassemblement national.
Ce courant est représenté par le président de la commission des lois, Sacha Houlié pour qui LR se contente de « pérorer ». Et puis de l’autre côté, vous avez Gérald Darmanin qui cherche à convaincre LR qu’un large terrain d’entente existe.
Bruno Le Maire a contre toute attente soutenu Gérald Darmanin en prônant la fermeté
Le ministre de l’Intérieur a été soutenu, et c’est un peu une surprise, par Bruno Le Maire. En bureau exécutif de Renaissance, le numéro deux du gouvernement a mis en garde la majorité contre la tentation du « laxisme » et de « l’angélisme ».
« Nos compatriotes attendent de la fermeté, de la fermeté et de la fermeté. Alors soyons basiques : faisons de la fermeté » a dit Le Maire. Pour aboutir à un texte, il ne suffira pas de trouver un accord entre LR et la majorité, il faudra aussi éviter une fracture interne à la majorité.
LR ne veut pas entendre parler du titre de séjour sur les métiers en tension
Gérald Darmanin a été chargé de trouver cet accord dans le cadre des fameux « cent jours ». Pour le trouver, il faut le chercher. Or, cela fait trois semaines maintenant que le ministre de l’Intérieur a été chargé de reprendre des consultations.
A lire aussi
Et c’est seulement demain qu’il a son premier rendez-vous avec le sénateur LR François-Noël Buffet, spécialiste de ces questions. Et son deuxième rendez-vous sera dans dix jours avec le président du Sénat Gérard Larcher. Ça fait peu.
Peut-être parce que toutes les réponses sont connues d’avance. LR ne veut pas entendre parler du titre de séjour sur les métiers en tension ; Renaissance met son veto à une retouche de la Constitution. Il y a encore beaucoup de chemin à faire.
Guillaume Tabard