Elisabeth Borne souffle ce mardi 16 mai sa première bougie à Matignon. Par définition tout Premier ministre est en permanence en sursis puisque, même si la Constitution ne prévoit pas formellement son renvoi, le président de la République peut en changer à tout moment sans avoir à se justifier. La cheffe du gouvernement est-elle sur la sellette ?
Elisabeth Borne, c’est vrai, est dans une situation difficile avec une popularité très basse et la contrainte plus pressante que jamais de l’absence de majorité absolue à l’Assemblée. Mais prenons un peu de recul.
La popularité ? Edouard Philippe n’était pas plus haut après le mouvement social contre sa réforme des retraites. Pourtant il a tenu et il a refait son image avec le Covid. L’absence de majorité absolue ? Elle n’en a pas depuis le début, et cependant elle a réussi à faire voter 27 textes au Parlement. Et pas tous faciles.
D’une certaine manière, dans un contexte des plus compliqués, Elisabeth Borne a rempli sa mission. Et pourtant, c’est vrai, elle n’a aucune garantie quant à son maintien à Matignon. Le président de la République est le seul à en décider, mais que sait-on de l’appréciation que porte Emmanuel Macron sur Elisabeth Borne ?
L’agacement d’Emmanuel Macron vis-à-vis d’Elisabeth Borne est difficile à masquer
Ce qu’on constate, c’est que dans ses différentes interventions médiatiques ces dernières semaines, il ne lui a accordé qu’un soutien mesuré. Son idée des « cent jours » a été un moyen de la prolonger pour un CDD de trois mois, sans la confirmer véritablement. Son refus du remaniement partiel, qu’elle souhaitait, équivaut à un refus de la relégitimer.
Et puis surtout quand on échange avec ses proches, ceux-ci ne font même pas semblant de masquer l’agacement présidentiel. Il n’a pas apprécié qu’elle dise qu’elle n’utiliserait plus le 49.3. Il y a vu une erreur car cela revient à une sorte d’auto-mutilation anticipée. Et il a été encore plus agacé par la justification du report qu’elle avait donnée fin avril du projet de loi sur l’immigration en disant qu’il fallait éviter de nouvelles occasions de diviser le pays, alors que lui, au contraire, prétend qu’il ne faut pas s’arrêter de réformer.
Emmanuel Macron pris d’une frénésie médiatique ?
Le fait de l’obliger la semaine dernière à remettre le sujet sur la table était une forme de désaveu. Mais on revient toujours au même point. Si la lune de miel semble terminée entre Emmanuel Macron et Elisabeth Borne, on voit mal qui lui apporterait un cadre politique plus favorable pour rebondir.
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Emmanuel Macron s’exprimera ce soir à 20h dans le journal de TF1. Le chef de l’Etat est saisi d’une incroyable frénésie médiatique. Sa dernière allocution a moins d’un mois. Il vient d’accorder un entretien à Challenges et là il fait une très longue interview dans L’Opinion. Et puis ce soir une nouvelle interview dans le 20 heures de TF1. S’il ne veut pas lasser, il a intérêt à dire des choses fortes. Ce qui est sûr c’est que, même pour sa première bougie à Matignon, il ne laisse pas le moindre espace médiatique à sa Première ministre.
Guillaume Tabard
