Le sujet immigration met Emmanuel Macron en difficulté. Le président de la République a contredit hier, dans Le Parisien, ce qu’il avait indiqué le 22 mars, sur TF1 et France 2. Lui seul s’est rendu coupable de ces incompréhensibles zigzags, en changeant trois fois de discours en moins d’un mois sur la question de l’immigration.
Emmanuel Macron oscillait d’abord entre sa volonté initiale d’un grand projet de loi immigration co-porté par les ministres de l’Intérieur et du Travail- l’ex-LR Gérald Darmanin et l’ex-PS Olivier Dussopt – avant de finalement renoncer à cette ambition pour privilégier un saucissonnage des mesures dans « plusieurs textes ».
Le chef de l’Etat est finalement revenu à sa position de départ. Bref, c’est à n’y plus rien comprendre. Ces allers-retours n’ont rien de rassurant quand on sait la sensibilité du sujet et quand on connaît le contexte politique. Car envisager d’un côté de faire adopter les mesures coercitives dans un texte ad hoc avec le soutien de la droite et songer, de l’autre côté, à faire voter la création du titre de séjour « métiers en tension » grâce à la gauche, met Emmanuel Macron en difficulté.
Emmanuel Macron n’est pas à l’aise sur les questions régaliennes
Consentir à tout ramasser dans un seul projet de loi et le faire après la valse-hésitation publique à laquelle nous avons assisté ces derniers temps, cela risque en fait de pousser l’exécutif soit à passer par le 49.3, soit à dénaturer son texte. Lequel viendrait alors s’ajouter à la trentaine d’autres qui l’ont précédé.
Comment expliquer ce fiasco ? Par une raison simple. Emmanuel Macron n’a jamais été très à l’aise avec les questions régaliennes en général, et les dossiers migratoires en particulier. Le chef de l’État n’ose toujours pas sortir de son « en même temps » sur cette question. Il redoute que ses anciens amis de gauche ne le rangent dans le camp du mal, incarné à leurs yeux, par les grands méchants loups xénophobes que sont la droite et l’extrême droite.
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Le problème, en attendant, c’est que les flux ne diminuent pas, que l’intégration ne s’améliore pas et que l’acceptation du pays, elle, recule à grands pas. Or, si Emmanuel Macron campe dans ses pudeurs de gazelle plutôt que de se saisir à bras le corps de ce phénomène, il ne faudra pas s’étonner de voir ses adversaires en profiter.
Arthur Berdah