L’école était au programme du déplacement dans l’Hérault d’Emmanuel Macron ce jeudi 20 avril. Avec le secteur hospitalier, il s’agit d’une priorité pour le président. Est-ce un des sujets par lequel il compte rebondir ?
L’école est une des deux priorités, avec l’hôpital, que le président avait retenues dans sa campagne de réélection. C’est aussi un des chantiers qu’il a inscrit à l’ordre du jour de ses fameux cent jours. Un sujet sur lequel tout le monde s’accorde à dire qu’il y a urgence. Emmanuel Macron espère une forme de consensus qui permettrait de sortir du clivage des retraites.
Mais redresser, revaloriser, remobiliser l’école veut dire notamment deux choses. Tout d’abord, il y a la hausse des salaires qui est réclamée et qui est nécessaire. Et hier, dans l’Hérault, le chef de l’Etat s’est fait porteur de bonnes nouvelles. Il promet 100 à 230 euros nets par mois pour tous et sans conditions. Personne ne s’en plaindra.
Emmanuel Macron a évoqué l’autonomie des établissements scolaires
C’est ensuite la promesse de remplacements systématiques en cas d’absence des enseignants et là, ce sont les parents qui ne s’en plaindront pas. Mais on sent que cette question est déjà moins consensuelle chez une partie des professeurs syndiqués. Cela suffira-t-il à remettre l’école en route ? Non, bien sûr. Les remplacements ne passeront pas comme une lettre à la poste, alors que c’est bien le minimum que l’on doit aux élèves.
Le « mammouth » de l’Education nationale – comme disait Claude Allègre – ne réglera pas tous ses problèmes sans de profondes réformes de structure. Emmanuel Macron en avait évoqué une pendant sa campagne : l’autonomie des établissements scolaires, avec une vraie autonomie de gestion, de choix d’équipe et de pédagogie laissée aux directeurs des établissements.
Il y a aussi sur la table une vraie réforme du lycée professionnel. Mais la ministre chargée du dossier a déjà retiré la mesure centrale, relative aux stages en entreprises, parce qu’elle déplaisait aux syndicats. Des réformes nécessaires à l’école, il y en a plein, mais ce serait une erreur de croire qu’elles ne bousculeront pas des conservatismes. On verra si le président y est prêt.
Jean-Michel Blanquer avait créé un conseil pour lutter contre la pénétration de l’islamisme à l’école
Alors, Pap Ndiaye est-il l’homme de la situation pour ces chantiers ? Il y a un an, le chef de l’Etat était fier de sa trouvaille. Il nous expliquait que non, il n’était pas le wokiste ou le communautariste que certains redoutaient. Il ne fallait pas voir en lui un anti-Blanquer.
D’une part la greffe n’a jamais pris et les réformes se font attendre. Et surtout, en deux semaines, Pap Ndiaye s’est fait marquer sur deux choses : d’abord vouloir imposer des quotas à l’école privée comme solution à l’absence de mixité sociale dans le public. Même les derniers ministres socialistes n’avaient plus cherché à réveiller la guerre scolaire.
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Et puis, pour lutter contre la pénétration de l’islamisme à l’école, Jean-Michel Blanquer avait créé un conseil des sages de la laïcité, une sorte de vigie républicaine. Par des nominations en son sein, par une modification de son rôle, Pap Ndiaye l’a vidé de son sens. La sœur de Samuel Paty, entre autres, s’en est émue. Aujourd’hui, même auprès d’Emmanuel Macron, on a compris que Ndiaye était une erreur de casting.
Guillaume Tabard