Au lendemain de l’intervention d’Emmanuel Macron, interrogeons-nous sur le sort d’Elisabeth Borne. Si pour l’heure la Première ministre a obtenu un nouveau sursis, elle a, a priori l’assurance de rester au moins pour les cent jours qui viennent, c’est-à-dire l’échéance que le président s’est fixé. Mais rien n’est définitif…
Le chef de l’Etat a chargé formellement Elisabeth Borne de lui présenter une feuille de route sur la base des priorités qu’il a déclinées à la télévision. La Première ministre le fera dans une semaine exactement, le 26 avril. Ensuite, elle va rechercher des accords et des alliances pour faire aboutir les chantiers qu’elle va annoncer. Il serait donc incohérent de la faire partir avant que cette mission soit achevée.
Mais en même temps, le 14 juillet (à la fin des 100 jours NDR), c’est demain. Dans cette période, Elisabeth Borne va chercher des voies de passage, mais en sachant que si elle n’y parvient pas, elle ne disposera plus d’aucune protection.
Elisabeth Borne obtient une cohésion de l’ensemble de la majorité
Alors, qu’est-ce qui pourrait lui garantir qu’elle restera en place au-delà de cette échéance ? Ce ne sera pas forcément la confiance ou l’amitié du président. En politique, seul compte le rapport de force, c’est-à-dire ce qu’on représente ou ce qu’on apporte. Emmanuel Macron cherche aujourd’hui à élargir sa majorité.
Elisabeth Borne le lui permet-il ? Ce n’est pas sûr. Mais quelqu’un d’autre lui garantirait-il avec certitude une alliance avec LR ou avec d’autres formations ? A l’évidence, non. Donc ce qui la sauve, c’est que personne ne ferait mieux qu’elle sur ce terrain-là.
Inversement, elle obtient autour d’elle une certaine cohésion de l’ensemble de la majorité alors que d’autres figures – plus marquées à droite – feraient possiblement partir des élus de l’aile gauche de la majorité. Mais cela ne lui garantit pas forcément la durée, ni même de passer l’été.
Un gouvernement inchangé signifie qu’un nouveau Premier ministre peut intervenir
C’est bien pour cela qu’Elisabeth Borne espère obtenir rapidement un remaniement. Même si celui-ci est limité, car une équipe remodelée voudrait dire : c’est reparti pour un tour. Tandis qu’un gouvernement inchangé signifie qu’un changement radical, autrement dit : un nouveau Premier ministre peut intervenir à tout moment.
Peut-elle éviter les paris de ses propres ministres sur sa succession ? Non, et la Première ministre voit bien que beaucoup, dans son gouvernement et dans sa majorité, spéculent sur un caractère inéluctable de son remplacement.
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On va assister à une émulation entre ses différents ministres pour mettre en avant des projets ambitieux ou potentiellement populaires. Gérald Darmanin veut ressortir son texte sur l’immigration. Bruno Le Maire cogne contre l’assistanat. Gabriel Attal est impatient de présenter un grand plan contre la fraude fiscale et sociale. Et cette mise en concurrence arrange Emmanuel Macron, car il se dit que c’est comme cela que jailliront les projets qui lui permettront de se relancer.
Guillaume Tabard