Retraites : « Le vrai rejet, c’est la question du travail », selon Hubert Védrine

Mathieu Pattier/AP/SIPA

L’ancien ministre des Affaires étrangères Hubert Védrine était l’invité de la matinale de Radio Classique ce lundi 17 avril, à quelques heures de l’intervention télévisée d’Emmanuel Macron. Au micro de Guillaume Durand il a livré son analyse de l’attitude des Russes, mais s’est aussi penché sur la question cruciale de la réforme des retraites.

L’offensive des Russes en Ukraine se double désormais d’un développement sur le front pacifique, vers le Japon. Pour Hubert Védrine, ils veulent montrer « qu’ils ne sont pas simplement une puissance surcotée en difficulté en Ukraine – où ils n’arrivent pas à vaincre en réalité, contrairement à leurs objectifs ».

L’ex-ministre assure même que ce déploiement « doit être fait en accord avec les Chinois, ou alors à leur demande ». C’est selon lui un service rendu à la Chine dans le cadre de « l’amitié éternelle » proclamée entre les deux pays, soulignant que « les Russes sont aussi une puissance pacifique, même si elle n’est sans doute pas au niveau de la puissance chinoise ».

Guillaume Durand soulève ensuite la question d’un plan de paix préparé par Pékin. Hubert Védrine souligne qu’en effet « La Chine a éprouvé le besoin, et à mon avis c’est intelligent de sa part, de proposer un plan de paix. [Je pense] qu’il y en aura d’autres. Je ne serais pas étonné qu’il y ait un plan indien. Et rappelons qu’il y a eu des propositions du président de l’Union Africaine ».

La réforme des retraites a entraîné des contestations « complètement exagérées en France »

S’agissant ensuite des attaques visant les propos d’Emmanuel Macron en Chine qui avait déclaré que les « Européens ne doivent pas être suivistes » en cas de conflit entre Pékin et Taïwan (dont les Etats-Unis sont l’allié principal), Hubert Védrine s’est insurgé : « le président Macron a dit des choses pourtant évidentes, il ne veut pas être pris dans un engrenage par suivisme. […] Ce n’est pas différent de ce qu’a dit le chancelier allemand Olaf Scholz ou le président espagnol Pedro Sanchez ».

L’ancien ministre note d’ailleurs que le président américain Joe Biden lui-même n’a pas critiqué Emmanuel Macron à ce sujet. Hubert Védrine est aussi revenu sur la réforme des retraites, à quelques heures d’une prise de parole télévisée du président. Il a rappelé que le recul de l’âge de la retraite avait suscité « dans la plupart des autres pays des discussions, des controverses, des discussions et des grèves, mais pas dans des formes complètement exagérées comme en France ».

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Selon lui « le vrai rejet, c’est la question du travail », et c’est à cela qu’il faut s’attaquer : « l’accès au travail, sa nature, les conditions de travail, son déroulement, etc ». Il reconnaît que « la pandémie a rendu le sujet compliqué, et [que] le quoi qu’il en coûte a induit l’idée d’un argent public magique ». Il assure que la question du travail ne concerne pas seulement le président, mais aussi tous les acteurs sociaux et les chefs d’entreprise.

Béatrice Mouedine

 

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