Le groupe LFI à l’Assemblée nationale a décidé ce mardi de réintégrer Adrien Quatennens dans ses rangs, une décision vivement critiquée à gauche. Le député était suspendu depuis 4 mois, après sa condamnation pour violences à l’égard de son ex-compagne.
C’est une nouvelle épreuve pour une gauche dont l’union a été réalisée aux forceps sous la houlette de Jean-Luc Mélenchon. Rappelons les faits : Adrien Quatennens, considéré comme le dauphin du patron de LFI, a été condamné à quatre mois de prison avec sursis pour des violences conjugales qu’il avait lui-même reconnues. Après un gros débat interne, particulièrement vif, le groupe LFI avait décidé de le suspendre pour une durée équivalente de quatre mois. Et donc au terme de ces quatre mois, les députés LFI ont voté. Et par 45 voix contre 15, ils ont décidé de le réintégrer.
Mais ce n’est pas un vote classique où la majorité l’emporte. Il y a d’abord un vrai clivage de fond entre ceux pour qui une sanction doit toujours rester proportionnée à la faute et pour qui il y a un droit à la réintégration une fois la peine effectuée. Et puis il y a ceux pour qui le combat contre les violences conjugales ou sexuelles doit s’accompagner d’une sorte d’imprescriptibilité. Et entre ces deux attitudes il y a une incompatibilité qui pourrait effectivement conduire à l’éclatement de la Nupes en général et de LFI en particulier.
Violences faites aux femmes : Jean-Luc Mélenchon accusé de ne pas avoir compris que les mentalités avaient changé
Cette fracture a d’ailleurs à voir avec le débat plus global à gauche sur le leadership de Jean-Luc Mélenchon. Car Adrien Quatennens, on l’a dit, est l’un des très proches de Mélenchon, et celui-ci l’a toujours défendu comme on défend un ami. Beaucoup de ses militants, notamment chez les jeunes, ne l’ont pas compris. Ou plutôt l’ont accusé de ne pas comprendre que les mentalités avaient changé sur ces questions.
Il s’est alors produit une rupture profonde, existentielle on peut même dire dans cette mouvance ayant pourtant le culte du chef. Comme si le mythe d’une infaillibilité mélenchoniste s’effondrait. Derrière cette affaire Quatennens il y a aussi une fracture entre les fidèles au candidat à la présidentielle et ceux qui veulent déjà passer à l’après Mélenchon.
Le modèle de la Nupes craque de tous côtés
Dans ce contexte, comment comprendre la stratégie de Fabien Roussel qui vient d’être reconduit à la tête du Parti communiste ? Entre Roussel et Mélenchon ça n’a jamais été le grand amour, et c’est maintenant la guerre ouverte. Le patron du Parti communiste s’est construit une image, et même une popularité en prenant le contrepied de la gauche écolo-bobo, de la gauche wokiste, de la gauche qui mène les combats societaux LGBT mais oublie les combats sociaux des classes populaires.
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Et ce discours rencontre un écho croissant chez tous ceux pour qui la gauche ne peut se limiter aux oukases de Mathilde Panot ou Sandrine Rousseau. Mais il faudrait parler aussi du positionnement d’un François Ruffin qui veut aussi retrouver le peuple. Et puis, à l’autre bout, le retour d’un Bernard Cazeneuve qui veut réveiller la gauche sociale-démocrate. Et vous voyez que le modèle de la Nupes est en train de craquer de tous côtés.
Guillaume Tabard