Emmanuel Macron se donne 100 jours pour (re)lancer ses grands chantiers

Jacques Witt/SIPA

Emmanuel Macron s’est fixé un délai de cent jours. Une échéance surprenante puisque dans l’histoire de France, les Cent-Jours marquent surtout le retour manqué de Napoléon. Mais alors, le président peut-il sortir de la situation dans laquelle il se trouve aujourd’hui ?

Cent jours, c’est en général la durée impartie à un président élu pour mettre en place son mandat, pour lancer ses grands chantiers fondateurs. De fait, c’est un peu de cela qu’il s’agit. À une différence près, et de taille : c’est que cela fait un an que le président a été réélu.

Ce coup d’envoi ne fait que ressortir le fait qu’il n’a pas encore eu lieu. Même s’il a fallu faire passer ce gros morceau des retraites, cela fait quand même curieux d’entendre égrener ce qui ressemble à un pré-programme de campagne.

Les chantiers annoncés par le président sont les mêmes que ceux annoncés il y a un an

Sur le contenu de ce programme d’action, y a-t-il tout de même de quoi tourner la page des retraites ? Prenons les têtes de chapitre. Revaloriser le travail et les salaires, réindustrialiser la France, restaurer l’ordre, lancer la planification écologique, redonner de l’ambition à l’école, rebâtir le système de santé, rénover la vie démocratique, c’est très bien. Qui pourrait être contre ?

Mais ces chantiers sont exactement les mêmes que ceux annoncés il y a un an. Oui, ils sont nécessaires, et même pertinents. Mais pourquoi ces chantiers ne sont-ils même pas commencés ? La première raison est l’absence de majorité absolue à l’Assemblée. Cela complique grandement les choses. Mais on voit mal comment ce qui était impossible avant la crise des retraites deviendrait plus facile après.

A lire aussi

 

 

De plus, le chef de l’Etat n’a jamais été plus loin dans le détail des réformes. Il ne suffit pas de dire : on va s’occuper de l’école et de l’hôpital. Il faut dire comment, avec quels changements concrets, quels moyens, quels acteurs. Or, hier, Emmanuel Macron n’a pas été plus précis. Ce que l’on a compris, c’est que l’on se donne cent jours pour expliciter tout cela.

Emmanuel Macron a appelé à de « nouvelles coalitions »

Dans cent jours, que dira le président de la République ? Hier, il a semblé enjamber la crise des retraites, comme si elle ne devait pas laisser de traces, sans pour autant apporter le carburant nécessaire à un nouvel élan.

Emmanuel Macron en a appelé aussi à de « nouvelles coalitions ». Là encore, il n’a fait que répéter – presque au mot près – ce qu’il s’était déjà fixé il y a un an : des nouvelles alliances, des majorités de projets. Mais la crise des retraites a plutôt sonné le glas de tout élargissement ou de tout consensus.

Il s’appuie sur les conventions citoyennes et sur son Conseil national de la refondation dont on tarde à voir les fruits. Il nous dit : il faut faire du concret, de la proximité. Il s’agit en fait, d’une rengaine classique. Le chef de l’Etat me fait penser à quelqu’un qui doit résoudre un casse-tête, mais qui refait sans cesse les mêmes gestes sans trouver la solution.

Guillaume Tabard

Retrouvez tous les articles liés à la politique