Emmanuel Macron a été accueilli hier en Alsace par des huées et des concerts de casseroles. Des accueils et des pancartes hostiles, des invectives : le chef de l’Etat doit s’y préparer et d’ailleurs, il n’est pas surpris. On est dans la queue de comète de la contestation des retraites, il était inévitable que les colères s’expriment contre lui.
Ces colères, il ne faut pas les minorer, il ne faut pas non plus les surdimensionner. Saturer l’espace sonore par des quolibets ou des concerts de casseroles, il n’y a pas besoin d’être très nombreux pour ça, quelques individus suffisent. Tout ne relève pas d’un sentiment spontané du peuple, il y a une part d’organisation. Quand la CGT décide de couper le courant dans une usine d’électricité que le président doit visiter, il s’agit de militantisme et c’est une méthode contestable.
On est donc loin de l’objectif de l’apaisement qu’Emmanuel Macron avait promis lundi, lors de son allocution. Mais à qui la faute ? J’entendais des commentaires parlant de provocation de la part du chef de l’Etat, de faire des sorties de terrain dans le climat actuel. Mais si le président attendait que le climat soit apaisé pour sortir, on dirait : il se cache, il n’ose pas se montrer, il s’enferme dans son bunker élyséen.
S’il va au contact, on dit qu’il provoque des réactions. Emmanuel Macron – comme autrefois Nicolas Sarkozy – non seulement ne rechigne pas au contact direct, mais le recherche. Même s’il est rugueux. Surtout s’il est rugueux d’ailleurs, car il y voit un signe de courage. Et c’est vrai qu’il faut du courage pour se confronter physiquement à l’hostilité.
Emmanuel Macron va multiplier les sorties sur le terrain
Mais là encore, il y a une bataille d’images. Toute cette séquence des retraites a tourné autour de la question du dialogue. Donc, il s’agit de montrer qui le recherche et qui le refuse. Et évidemment, Emmanuel Macron a beau jeu de dire que ceux qui organisent des concerts de casseroles ne cherchent qu’à faire du bruit et en rien à dialoguer. D’une certaine manière, on pourrait dire que le concert de casseroles est à la rue ce que l’obstruction est au Parlement.
Le président va-t-il multiplier ainsi les sorties sur le terrain ? C’est en tout cas ce qu’il a dit dans son allocution de lundi. Ses fameux cent jours reposent sur deux jambes : la reprise des chantiers et des réformes d’un côté – et sur ce point c’est à Elisabeth Borne de jouer maintenant – et la reprise du contact avec les Français de l’autre, et là, c’est lui, le chef de l’Etat qui sera en première ligne.
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C’est aussi une manière pour Emmanuel Macron de dire que la vie du pays ne se limite pas à la réforme des retraites. C’est pour cela par exemple qu’il était allé au lac de Serre-Ponçon il y a trois semaines pour annoncer le Plan eau. Il va continuer, en cherchant des thématiques de proximité ou des sujets de préoccupation quotidienne des Français, comme le coût de la vie. Attention cependant à ce que multiplier les déplacements sur le terrain ne soit pas juste de la communication pour occuper le terrain.
Guillaume Tabard