Au terme d’un congrès houleux, la CGT a porté à sa tête Sophie Binet, la patronne de la Fédération cadres. Une surprise de taille, qui pourrait bien masquer un autre changement.
Sophie Binet succède à Philippe Martinez
Le premier changement est le plus spectaculaire. En tout cas dans l’immédiat. En faisant le choix d’une jeune quadragénaire issue de sa branche fédérant les cols blancs, la CGT change radicalement son image. Elle tourne le dos à l’ancien métallo Philippe Martinez avec ses moustaches, son air bougon et sa rhétorique post-communiste bien rodée, pour entrer dans une nouvelle ère. L’ère d’une convergence entre lutte sociale et combat contre la discrimination femmes-hommes au travail. Mais ce virage vers une forme de modernité, incarnée par cette bosseuse à la réputation de négociatrice avisée, pourrait bien s’accompagner d’un durcissement sur le fond aussi. Car si Sophie Binet n’était pas la candidate des opposants à Philippe Martinez, jugé trop mou par certaines grosses fédérations, son élection au Secrétariat général sonne tout de même comme un désaveu pour l’équipe sortante.
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Sophie Binet adresse un avertissement à la CFDT de Laurent Berger
Sur la réforme des retraites, elle a toutefois indiqué qu’elle se rendrait à Matignon mercredi avec l’intersyndicale, s’inscrivant dans la continuité de son prédécesseur. Mais Sophie Binet a ajouté qu’elle était opposée à toute idée de pause ou de médiation. Un message de fermeté qui vise à mobiliser les militants CGT bien sûr, mais qui sonne aussi comme un avertissement adressé à la CFDT de Laurent Berger et à ses éventuelles velléités de dialogue avec le gouvernement. Au-delà du conflit sur les retraites, deux indices semblent confirmer que Sophie Binet aura pour mission de durcir le ton, voire de renouer avec la ligne la plus contestataire et revendicative du syndicat, dont on n’avait pas forcément perçu qu’elle avait été délaissée ces dernières années. Le premier indice est l’abandon de toute idée de partenariat avec les associations environnementales, ainsi que des projets de rapprochement avec les syndicats FSU et Solidaires esquissés par l’équipe sortante. Et surtout, le fait que la nouvelle direction accueille en nombre, les patrons de certaines des fédérations les plus dures de la centrale syndicale. Les premiers pas de Sophie Binet devraient permettre de rapidement trancher le débat.
François Vidal