La fraude, qu’elle soit fiscale ou sociale, est un sujet majeur. Chaque année, ce sont plusieurs dizaines de milliards d’euros qui manquent ou qui sont arrachés indûment aux caisses de l’Etat. Gabriel Attal présente donc un plan de lutte contre la fraude fiscale.
Quand on sait que la réforme des retraites représente 30 milliards de recettes espérées, on se dit qu’on aurait tort de ne pas tout faire pour les récupérer. C’est un sujet populaire et grand public. On comprend qu’un jeune ministre, talentueux et ambitieux comme Gabriel Attal s’en empare pour accroître sa notoriété et construire sa crédibilité.
Et puis, comme c’est consensuel de lutter contre la fraude, c’est un bon moyen de redémarrer l’action du quinquennat d’Emmanuel Macron après une séquence sur les retraites, longue, éprouvante, clivante et impopulaire.
Gabriel Attal s’en prend aux « ultra-riches »
Est-ce donc le volet communication qui domine ? Si c’était le cas, ce serait une erreur de la part du gouvernement. Car s’il y a un sujet sur lequel l’effet d’affichage ne suffit pas, c’est bien celui-là. Oui, il y a une volonté générale de voir lancée la chasse à la fraude. Mais cette exigence s’accompagne d’un très grand scepticisme. Car franchement, Gabriel Attal est loin, très loin, d’être le premier ministre à prétendre s’attaquer à ce fléau.
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Alors s’il ne veut pas que l’on dise : encore des promesses en l’air, il va devoir afficher des résultats rapides et tangibles. Dans ce plan, le ministre des comptes publics s’en prend aux « ultra-riches ». Est-ce donc le retour d’un discours de gauche au gouvernement ?
Attendons de voir. Dans l’esprit de Gabriel Attal, son plan est un diptyque, avec un volet sur la fraude fiscale. L’évasion fiscale concerne effectivement les gros revenus, les « ultra-riches » comme il dit dans Le Monde. Il y a un deuxième volet sur la fraude sociale. C’est la fraude aux allocations, la fraude à la sécurité sociale, que l’on trouve dans d’autres milieux. Attal prétend faire du « en même temps ».
Le volet social doit être présenté dans 15 jours
Alors tactiquement, il commence par le volet évasion fiscale pour ne pas donner du grain à moudre à la gauche qui ne se lasse pas de dénoncer un « président des riches » et qui n’hésiterait pas à dire : regardez, Macron s’attaque aux pauvres et laisse les milliardaires en paix.
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Est-ce aussi un moyen de s’adresser aux « classes moyennes » ? C’est effectivement l’ambition du ministre des Comptes publics qui sait l’enjeu électoral de cette catégorie, qui n’est jamais assez riche pour être à l’abri des soucis, mais toujours trop riche pour avoir droit à quelque prestation que ce soit. Et le jour où ces classes moyennes basculeront du côté de Marine Le Pen, déjà archi-dominante dans les catégories populaires, elle gagnera.
Mais justement, ces Français-là sont exaspérés par la fraude sociale. Donc si le gouvernement s’y attaque vraiment, c’est très bien. Mais s’il cède sous la pression des bien-pensants aisés, qui font la leçon aux autres, attention à l’effet boomerang. Ce volet fraude sociale doit être présenté dans quinze jours. On verra s’il est aussi audacieux que le volet fiscal.
Guillaume Tabard