Jean-Luc Mélenchon et Marine Le Pen : La bataille du leadership de l’opposition a commencé

CHAMUSSY/SIPA

Outre les défilés syndicaux, ce 1er mai a été marqué par deux interventions politiques : Jean-Luc Mélenchon à Paris et Marine Le Pen au Havre. A-t-on assisté à une bataille à distance pour le leadership de l’opposition à Emmanuel Macron ?

Jean-Luc Mélenchon et Marine Le Pen se sont ignorés l’un l’autre et ne se sont pas placés sur le même terrain. Le leader de LFI, et c’est suffisamment rare chez lui pour le signaler, s’est contenté d’un discours express d’à peine un quart d’heure. Il a tempêté contre le supposé autoritarisme du pouvoir macronien, mais il ne semblait pas dans le match. Il a également dit qu’il n’était pas question de tourner la page des retraites, pas question de passer à autre chose en promettant même : « nous récupérerons la retraite à 60 ans ». On l’a connu plus combatif.

Combative, Marine Le Pen, elle, l’a été au Havre. Mais pour sa fête du Travail et de la nation, elle a beaucoup parlé de la nation et très peu du travail. Dans un discours de trois quarts d’heure, elle n’a cité la réforme des retraites qu’une seule fois pour dire qu’elle était « l’illustration » de la « destruction sociale », qu’elle accuse Emmanuel Macron d’opérer. Elle aussi a pris acte que nous étions désormais dans une autre séquence que celle des retraites. Mais là où Mélenchon le faisait à contre cœur, Le Pen le fait de manière délibérée.

Marine Le Pen est présentée favorite pour 2027

La présidente du groupe RN prétend pourtant apporter la « paix sociale ». N’est-ce pas là quand même, le signe qu’elle fait du social sa priorité ? Le social en général, oui, mais pas les retraites en particulier. D’ailleurs, si Mélenchon, qui parait loin d’accéder au pouvoir, a promis de rétablir la retraite à soixante ans, Marine Le Pen qui, elle, croit de plus en plus en sa victoire et qui est d’ores et déjà présentée en favorite pour 2027, s’est bien gardée de dire ce qu’elle ferait de cette réforme si elle était élue.

Mais reprenons ses mots et ceux de Jordan Bardella : la paix sociale en réponse à la « casse sociale » qu’elle attribue à Emmanuel Macron. Tactiquement, c’est habile, car durant tout le conflit des retraites, le RN était contraint à un grand écart entre soutien à la contestation et approbation implicite du « bordel » pour parler comme Gérald Darmanin. On voit que pour l’après retraites, elle veut incarner l’opposition et l’ordre.

A lire aussi

 

Marine Le Pen a célébré la fête du Travail. Mélenchon et la gauche, eux, ont dit fêter les travailleurs – la fête du Travail ayant des relents pétainistes à leurs yeux – mais la nuance sémantique est-elle importante ? Elle est tellement importante que jusqu’à l’année dernière, Mélenchon et toute la gauche parlaient fièrement de la fête du Travail. Ce qui était naturel pour eux, devient pétainiste quand d’autres leur contestent le monopole de la défense des travailleurs. On comprend que la gauche s’agace de voir Marine Le Pen parler du travail, mais brandir l’épouvantail de Pétain n’empêchera pas que les travailleurs soient bien plus nombreux à voter pour le RN que pour la Nupes.

Guillaume Tabard

Retrouvez tous les articles liés à la politique