La succession de Jean-Luc Mélenchon, une épineuse question pour la France insoumise

J.E.E/SIPA

Quand on ne voit pas ou que l’on entend plus Jean-Luc Mélenchon, on peut toujours le lire. Et le plus souvent, c’est sur son blog que le leader de la France insoumise s’exprime. Dimanche soir, il a évoqué un sujet sur lequel il se sait attendu : la question très sensible de sa succession.

Jean-Luc Mélenchon n’y est, cette fois, pas allé par quatre chemins puisqu’il affirme vouloir « être remplacé pour les élections ». Il faut comprendre ici, qu’il fait bien référence à la présidentielle de 2027.

Une échéance prévue dans quatre ans, mais à laquelle tout le monde pense déjà dans la mesure où Emmanuel Macron ne pourra pas se représenter, entraînant de fait une alternance. Il s’agit d’ailleurs peut-être plus d’une alternance cosmétique de casting plus que de ligne politique ou peut-être une alternance franche des deux à la fois, mais une alternance quoi qu’il en soit.

Le ton et le discours de Jean-Luc Mélenchon ont clairement évolué

Peut-on le croire quand le leader assure qu’il a vraiment tiré un trait sur son rêve élyséen ? Jusqu’ici, je vous aurais clairement répondu que non. Ce n’est pas au vieux singe politique que l’on apprend à faire la grimace stratégique.

Mais un récent faisceau d’indices laisse croire sinon qu’il a pris sa décision, au moins qu’il réfléchit sérieusement à raccrocher les crampons. Il veille bien soigneusement à ne jamais adopter de formules trop définitives, pour garder la porte entrouverte au cas où.

A lire aussi

 

Le ton et le discours de Jean-Luc Mélenchon ont clairement évolué. Il est passé de l’ambigu « en retrait, mais pas en retraite » à « mon rôle est autre dorénavant ». Il laisse ses proches commencer à préparer le terrain médiatique pour la suite, comme Pierre Lepelletier le raconte avec talent dans Le Figaro cette semaine.

François Ruffin pourrait succéder à Adrien Quatennens

Jean-Luc Mélenchon semble même avoir trouvé un dauphin de remplacement à Adrien Quatennens en la personne de François Ruffin, dont il ne cesse de louer publiquement les bons sondages. Alors, cela fait-il consensus à gauche ? Quoique l’on pense de Jean-Luc Mélenchon, de ses outrances, de sa radicalité et de ses compromissions, s’il y a bien un point sur lequel s’accordent ses admirateurs comme ses détracteurs, c’est l’étendue de son talent.

Un talent qui lui a permis de se hisser dans le prestigieux fauteuil de troisième homme de la présidentielle. Un talent qui lui a aussi permis de réussir le tour de force consistant à rassembler toutes les gauches derrière lui, au sein de l’alliance Nupes.

Il affronte maintenant la plus difficile des épreuves, celle qui consiste à réussir sa sortie en assurant sa succession. Or, le signe des grandes figures de la Ve République a, en général, plutôt été de laisser la place au chaos derrière eux. Alors si Jean-Luc Mélenchon a quitté la scène en disant « faites mieux », peut-être était-ce à dessein. Le « mieux » étant l’ennemi du bien…

Arthur Berdah

Retrouvez tous les articles liés à la politique