Dans Le Figaro ce matin, François Bayrou prend nettement position contre une loi autorisant l’euthanasie. Mais alors pourquoi cette prise de position du patron du MoDem, contre une décision d’Emmanuel Macron, dont il est pourtant l’allié ?
« Ne faisons pas un service public pour donner la mort », dit François Bayrou dans Le Figaro, en assurant qu’il sera toujours du côté de ceux qui « donnent la main à ceux qui s’en vont ». Des mots forts qui, effectivement, vont à l’opposé de la décision du chef de l’Etat qui a demandé au gouvernement de préparer une loi d’ici à la fin de l’été.
Il faut resituer cette prise de position de François Bayrou. Le patron du MoDem est un allié d’Emmanuel Macron. Il fut même son tout premier allié, mais il aime à faire entendre régulièrement sa différence, voire ses divergences. Et là, il l’a fait deux fois en trois jours. Sur les retraites, dans le JDD où il accuse le gouvernement de n’avoir « pas su partager avec les Français les raisons décisives de la réforme ». Et donc aujourd’hui dans Le Figaro sur l’euthanasie.
François Bayrou était opposé à l’inscription de l’avortement dans la Constitution
Mais quand il se démarque sur la stratégie, quand il joue au « je vous l’avais bien dit », Bayrou agace. Quand il intervient sur des sujets de conscience, il réveille. Mi Cassandre mettant en garde, mi Jean-Baptiste clamant sa vérité, dans le désert s’il le faut. Cette mise en garde sur l’euthanasie peut-elle être entendue ? Entendue, oui. Ecoutée, c’est une autre affaire. François Bayrou a une voix forte, mais solitaire. C’est sa force, mais aussi sa faiblesse.
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Déjà, ce n’est pas parce qu’il est toujours patron du MoDem que, sur ces sujets, ses troupes le suivent. On l’avait vu lors du vote sur l’inscription de l’avortement dans la Constitution, auquel Bayrou était opposé : il y a belle lurette que le parti centriste a rompu ses dernières amarres avec ses racines démocrates-chrétiennes. Ensuite, Bayrou parle à Emmanuel Macron, mais le président fait ce qu’il veut. On l’a donc vu sur la constitutionnalisation de l’IVG. On le voit sur la fin de vie, où après avoir juré qu’il prendrait son temps, le chef de l’Etat s’est précipité pour annoncer une loi. Voix solitaire donc, mais voix forte quand même. Les mots de Bayrou pèseront plus que d’autres dans le débat. D’ailleurs, où en est-on, depuis l’annonce d’une loi sur le sujet ?
Emmanuel Macron n’est pas toujours facile à suivre. On croyait qu’il voulait prendre le temps de la réflexion, il a annoncé une loi le lendemain même de la Convention citoyenne. Puis, on a cru qu’il allait venir sur le terrain sociétal pour vite tourner la page des retraites. Et bien ni lui dans son discours sur les cent jours, ni Elisabeth Borne dans sa feuille de route, n’ont fait la moindre allusion à l’euthanasie. Mais ça ne veut rien dire pour autant. Occulter ne veut pas forcément dire renoncer.
Guillaume Tabard