Présidentielle 2027 : Laurent Wauquiez sort de son silence

Jacques Witt/SIPA

Laurent Wauquiez sort de sa réserve par un long entretien dans Le Point. Ce silence était un choix délibéré, mais une attitude de plus en plus contestée par ses propres amis. Le Président du conseil régional d’Auvergne-Rhône-Alpes se lance-t-il dans la bataille pour 2027 ?

Au lendemain de la présidentielle, Xavier Bertrand ayant été battu à la primaire et Valérie Pécresse humiliée à la présidentielle, le troisième grand baron local de la droite faisait figure de candidat naturel de la droite.

Mais il a refusé de briguer la présidence du parti et a préféré soutenir la candidature d’Éric Ciotti. Son argument était simple. Pour être entendu, il ne faut plus faire la tournée des matinales et réagir à chaque polémique du jour, mais prendre de la hauteur, donc prendre du champ.

Laurent Wauquiez a accordé une très longue interview au Point

On a vu les limites de l’exercice lors du débat sur les retraites, où un LR sans boussole et sans autorité reconnue par tous, a fait du mal à la réforme, plus même, que les cortèges syndicaux.

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Et une petite musique grandissait, disant : Wauquiez se cache, Wauquiez a peur, Wauquiez n’en a peut-être finalement pas envie. Il fallait donc que, dans son propre intérêt, le président d’Auvergne-Rhône-Alpes sorte de son silence. Il le fait avec une longue, très longue, interview au Point.

Sa ligne consiste à redorer le blason de la légitimité populaire. Pour le dire autrement, il s’agit de rendre la primauté au pouvoir politique qui émane du suffrage universel sur les différentes Cours suprêmes : le Conseil d’Etat, la Cour de cassation, la Cour européenne des droits de l’Homme et même le Conseil constitutionnel qu’il accuse, rien de moins que de « coup d’Etat » en s’opposant à certaines lois.

Laurent Wauquiez souhaite que Marine Le Pen soit battue en 2027

Il fait référence aux Cours suprêmes d’un côté et aux innombrables autorités indépendantes de l’autre, à savoir les agences en tout genre : agences de sécurité sanitaire, Arcom ou autres, qui, elles aussi, ont un réel pouvoir de décision sans légitimité.

« A force d’avoir mis des contrepouvoirs, il n’y a plus de pouvoir et c’est pour cela que rien ne change » dit-il dans son diagnostic d’un pays suradministré et entré en décadence. Ça fera réagir, c’est son but.

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Peut-on parler de charge anti-Macron, pour ce retour ? Non, et c’est une surprise. On l’attendait effectivement en porte-étendard d’une droite musclée et anti-macroniste. On lit au contraire des mots indulgents, voire bienveillants pour le chef de l’Etat dont il salue certains succès et dont il dit qu’il a réussi à incarner la France à l’international.

Son analyse, c’est qu’il ne lui faudra pas battre Macron en 2027 puisque Macron ne sera plus dans le jeu. Il ne faudra plus le battre, mais le remplacer. Et le remplacer pour, une fois de plus, battre Marine Le Pen. Il se dit donc qu’il ne faut pas énerver, mais récupérer ses électeurs. Et simultanément, il tient un discours d’autorité censé séduire les électeurs qui ont voté Zemmour par exemple. C’est un peu son « en même temps » à lui.

Guillaume Tabard

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