Retraites : Une réforme au rendement non négligeable

JEANNE ACCORSINI/SIPA

La France a présenté hier sa feuille de route budgétaire jusqu’en 2027, précisant au passage le rendement de la réforme des retraites. En lisant le document, on comprend mieux pourquoi Emmanuel Macron a tenu bon sur les retraites.

L’impact de la réforme des retraites a été beaucoup décrié, au fur et à mesure des gestes consentis sur les petites pensions ou les carrières longues. Mais dans le programme de stabilité, Bercy met les choses au clair.

En 2027, le rendement net atteindra 8 milliards pour le système de retraites, auxquels il faut rajouter 9 milliards de recettes liées au surcroît d’activité. Cela représente un total de 17 milliards, c’est donc tout sauf négligeable.

Augmenter la durée travaillée permet de financer les services publics

Rappelons qu’à cette échéance, l’âge de la retraite ne sera « que » de 63 ans. Le rendement ultérieur, à 64 ans, sera donc plus fort. Alors pourquoi le gouvernement a-t-il minoré sa réforme ? C’est à force de s’emmêler les crayons dans la justification du projet.

Accusé de vouloir financer d’autres dépenses, il n’a parlé que d’équilibre des retraites au lieu d’assumer une vision plus large, et plus cohérente : c’est en augmentant la durée travaillée qu’on pourra aussi financer les services publics et la transition verte. Mais cela ne suffit pas, car hormis les retraites et l’assurance-chômage, c’est un peu le désert en matière d’économies.

La France est attendue au tournant, en particulier par Berlin qui veut des sanctions automatiques

Pour les prochaines années, l’exécutif semble surtout miser sur un tassement de l’inflation qui réduira la facture des boucliers énergétiques. Mais pour freiner vraiment les dépenses, il faudra d’autres économies qui, pour l’heure, restent à définir.

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C’est ce que le Haut conseil des finances publiques n’a pas manqué pas de pointer dans son avis, d’autant que la France est attendue au tournant. Les nouvelles règles budgétaires européennes présentées hier par la Commission de Bruxelles seront certes plus adaptées à la situation de chacun.

Mais le respect de la trajectoire française sera scruté de près, en particulier par Berlin qui veut des sanctions automatiques. Une nouvelle querelle franco-allemande en perspective.  

Etienne Lefebvre

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