Grèce : Le paria des marchés a regagné la confiance des investisseurs

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La BCE devrait à nouveau augmenter ses taux le 4 mai prochain. Mais pour la Grèce, ancien paria des marchés, ça ne semble pas poser problème. On peut parler d’un petit miracle pour la dette grecque, qui regagne peu à peu la confiance des investisseurs.

Les agences financières ne cessent de remonter la note de la Grèce, la dernière en date de S&P qui l’a même assortie d’un BB+ avec perspective positive ! En clair, les obligations grecques ne devraient plus être considérées comme pourries (Junk bonds) avant la fin de l’année. L’Etat grec a déjà sécurisé 85% de ses émissions en 2023 avec des taux à 10 ans, qui se situent à un peu plus de 4% contre 40% au plus fort de la crise.

Mais surtout, les hausses de taux de la BCE restent en réalité très indolores car au moment de son sauvetage, la Grèce a obtenu des échéances très lointaines pour rembourser avec des bonnes conditions. Le taux moyen qu’elle paie aujourd’hui sur l’ensemble de sa dette n’est donc que de 1,5%.

En Grèce, le taux de chômage s’élève à 11,5%

Mais comment expliquer un tel retour en grâce ? Il y a d’abord l’assainissement des banques : le taux de créances douteuses a été divisé par huit depuis 2013. Le système fiscal a ensuite été consolidé et même les secousses du Covid – avec l’arrêt complet du tourisme – ont été bien amorties, grâce au plan de relance européen.

Le chômage, à 11,5%, reste ainsi très loin des sommets qui avaient été atteints. Le résultat est que le poids de la dette est retombé à 170% de PIB fin 2022, soit 36 points de moins en deux ans, c’est beaucoup. Mais attention, la route est encore longue et les agences de notation vont scruter de près le résultat des élections prévues le 21 mai, avec le risque qu’aucune majorité ne se dégage.

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En attendant, la Grèce n’est pas la seule à bien résister : la dette italienne aussi, dont l’écart de taux avec l’Allemagne s’est même réduit récemment, et ce, malgré le contexte de hausse de la BCE. En résumé : si la situation se tend en zone euro, le risque de fragmentation, lui, reste largement contenu.

Etienne Lefebvre

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