Alors que les prix dans l’immobilier ont baissé de 0.5% depuis le début de l’année, David Jacquot recevait sur Radio Classique Guillaume Martinaud, président de la coopérative Orpi. Invité de « C’est dans votre intérêt », il a donné plusieurs pistes pour sortir d’un marché grippé.
Est-ce que le recul des prix dans l’immobilier vous inquiète ?
Tout à fait. Dans notre réseau de 1350 agences, on constate moins 25% de compromis depuis le début de l’année par rapport à l’année dernière, ce qui est assez important. Les acteurs ne sont plus au rendez-vous, on sait qu’il va falloir faire quelque chose.
D’autant que le printemps est un temps fort pour l’immobilier, c’est une période où les gens cherchent à déménager. Or le marché est grippé…
Nous allons justement mettre en place une opération pour dégripper ce marché. Il faut surtout redonner un peu de pouvoir d’achat à nos clients : les prix sont très hauts, les taux d’intérêt sont un peu plus élevés, et l’obtention du crédit est plus compliqué.
L’inflation atteignait fin février 6,3%
Chez Orpi, nous avons lancé un pacte anti-inflation pour redonner du pouvoir d’achat à nos acquéreurs, et faire comprendre à nos vendeurs qu’il faut faire quelque chose. S’ils ne bougent pas [et ne baissent pas leurs prix NDR], alors on va bloquer complètement le marché. On constate que l’inflation est quand même très élevée, avec 6.3% à la fin février.
On va proposer à nos clients qui ont déjà des mandats de vente de renégocier leur prix, de faire un geste qui correspondant au montant de l’inflation. Nos honoraires vont baisser mécaniquement, mais on rebaissera au niveau du montant de l’inflation constatée. L’objectif est d’envoyer un signal fort.
« Des gens qui ont de bons revenus n’y arrivent pas forcément »
Il faut faire comprendre à tout le monde que l’on n’est plus dans le marché d’après Covid, on n’a plus cette dynamique. Il existe toujours un déficit de biens à offrir sur le marché. On a toujours une envie de nos clients de déménager.
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Mais les prix ne permettent plus de de pouvoir réaliser ce projet immobilier. Les banques n’ouvrent plus les vannes des crédits aussi facilement. Des gens qui ont de bons revenus n’y arrivent pas forcément. Je pense que si tout le monde fait un effort, si nos vendeurs prennent conscience que le marché est stabilisé et doit se corriger, on n’aura pas cet effondrement qu’on a pu connaître en 2008.
Les vendeurs rechignent encore à baisser leurs prix pour tenir compte de cette nouvelle donne du marché immobilier ?
Après le Covid, beaucoup de gens se sont installés en province, et les prix ont augmenté dans toutes les villes. Mais depuis, les tarifs ont poursuivi leur hausse, notamment à Cannes, à Brest et à Reims. Or dans ces villes, les compromis s’effondrent. Il faut que chacun prenne conscience que le marché a bougé. C’est maintenant que ça se joue, et si on ne dégriffe pas ce marché, on risque de perdre une année.