La roue serait-elle en train de tourner pour les fabricants et installateurs de fenêtres ? C’est la question que se pose ce secteur très dynamique en France. En 2022, l’année avait été très bonne, pourtant les professionnels craignent pour le marché de la rénovation en France.
Actuellement, le marché de la fenêtre est tout proche du record atteint dans les années 2007-2008, où il avait crû en valeur de 14 % à plus de 6 milliards d’euros. Une conséquence de la hausse des prix des matériaux, que ce soit le PVC ou l’aluminium et qui ont tout de même affecté les marges des fabricants.
Mais les professionnels craignent que la croissance se referme aussi brutalement qu’une fenêtre par grand vent. Ils constatent déjà les premiers signes de ralentissement du marché de la rénovation en France. L’inflation grignote le pouvoir d’achat des Français et la remontée des taux a un impact également sur les projets de rénovation, notamment de rénovation énergétique.
Changer de fenêtre attendra, surtout que la vague de froid est passée. L’interdiction de louer les passoires thermiques pourrait aussi avoir une incidence : beaucoup de propriétaires préfèrent mettre leur bien à la vente plutôt que de payer une rénovation coûteuse.
En un an, les réservations d’appartements neufs ont chuté d’un quart
Ces craintes sont renforcées par la situation du marché de l’immobilier neuf. La baisse des permis de construire l’an dernier et le ralentissement des mises en chantier laissent augurer une année noire pour ce marché avec forcément des conséquences pour le marché de la fenêtre.
Sur un an, les réservations d’appartements neufs ont chuté d’un quart et même d’un tiers sur le seul dernier trimestre de 2022. On n’a pas encore les chiffres du premier trimestre de cette année, mais les promoteurs évoquent un marché en panne qui touche à la fois l’offre de logement et la demande. La hausse des prix des matières premières enchérit fortement le prix des appartements et des maisons dans le neuf.
La Fédération Française du Bâtiment redoute la surpression de 100.000 postes à l’horizon 2024/2025
Il y a une donnée instructive : le taux de désistement atteint des niveaux records, soit parce qu’avec la hausse des taux, les ménages n’ont pas reçu l’accord de prêt de leur banque, soit parce qu’ils ont pris peur en se disant que ce n’était pas le bon moment pour acheter. C’est désormais tout le secteur du BTP qui s’inquiète. En raison de la crise du marché du neuf, la Fédération Française du Bâtiment (FFB) redoute la suppression de près de 100.000 postes à l’horizon 2024/2025, soit l’équivalent de tous les emplois créés par le secteur lors de la sortie du premier confinement.
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Mais la FFB réclame aussi un soutien plus appuyé de l’Etat à la rénovation des bâtiments. La nouvelle configuration du marché pourrait aussi favoriser une concentration du secteur. Dans le domaine de la fabrication et de la pose de fenêtres par exemple, le nombre d’entreprises et d’artisans spécialistes avait augmenté de 3.000 en deux ans. Nombreuses d’entre elles seraient aujourd’hui… en vente.
Pierrick Fay