C’est une information de Myriam Chauvot dans Les Echos : la fondation de Bill Gates est entrée au capital de la biotech Smart Immune. Un investissement de 5 millions d’euros, qui peut paraître modique, mais c’est la première fois que l’homme d’affaires mise sur une biotech française en prenant des parts.
En général, Bill Gates accorde plutôt des subventions aux biotechs auxquelles il s’intéresse. Sa fondation n’est d’ailleurs pas la seule à s’intéresser à cette entreprise. Smart Immune a reçu récemment une subvention de 2,5 millions d’euros de la part du Conseil européen de l’innovation (EIC).
L’EIC s’est aussi engagé à investir 15 millions d’euros en fonds propres dans l’entreprise. Il faut savoir que ce fond public finance essentiellement des projets porteurs d’une innovation de rupture ou radicale, des projets jugés à haut risque et qui ont parfois du mal à trouver des financements classiques. La présence de l’EIC ou de la fondation Gates est bien sûr de nature à favoriser le financement à long terme de Smart Immune.
Smart Immune est parvenue à produire de grandes quantités de cellules ProT-Cells
Pourquoi cette biotech attire-t-elle ces investisseurs aux poches profondes ? Visiblement, c’est la technologie de thérapie cellulaire qui intéresse les investisseurs. Elle s’appelle la ProT-Cell et fonctionne comme un protecteur du système immunitaire mais de façon accélérée.
La start-up Smart Immune est parvenue à produire de grandes quantités de ces cellules ProT-Cells à partir de cellules-souches provenant du sang de donneurs. C’est le fruit de 15 ans de travail. Un travail mené par les équipes des professeurs Marina Cavazzana et Isabelle André de l’hôpital Necker. Deux femmes scientifiques, pionnières de la thérapie génique qui ont travaillé sous l’égide de l’Institut Imagine, un institut public spécialisé dans la recherche sur les maladies génétiques.
La technologie de Smart Immune est en essai clinique sur des patients atteints de leucémies
Si Bill Gates a choisi Smart Immune parmi des milliers de biotechs dans le monde, c’est pour une raison simple : la lutte contre le sida, l’un des chevaux de bataille du milliardaire américain. « Avec son bilan de 35 millions de morts, le sida est la plus grande catastrophe humanitaire que j’aurais connue durant ma vie » explique Bill Gates sur le site internet de sa fondation. Et il n’a pas l’intention de baisser les bras. La technologie développée par la biotech française est actuellement en essai clinique sur des patients atteints de leucémies.
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La fondation Gates aimerait tester cette technologie, vérifier si elle peut servir de barrière et empêcher l’infection des cellules immunitaires par le virus du sida. Mais il faudra être patient, la phase clinique de test sur les humains ne devrait pas commencer avant 5 ans. D’ici là, l’entreprise aura besoin de lever plusieurs centaines de millions d’euros.
Pierrick Fay