La baisse du nombre de fonctionnaires, le phénomène inquiétant qu’on n’avait pas vu venir

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Le journal Les Echos le révèlent ce jeudi matin. Le nombre des fonctionnaires a fondu l’an dernier, une baisse surprise de 6.000 postes, que rien ne laissait prévoir. Mais deux choses peuvent expliquer ce recul.

Cette réduction du nombre de fonctionnaires, c’est même le contraire de ce qui était anticipé ! Le Budget 2022 tablait sur une hausse des effectifs de la fonction publique de près de 800. A l’arrivée, la baisse peut évidemment paraître limitée si on la compare aux deux millions de fonctionnaires qui travaillent pour l’Etat, mais c’est tout de même le plus fort repli depuis 2013.

Et surtout, c’est la seconde année consécutive que les effectifs reculent. Résultat, alors qu’Emmanuel Macron visait la stabilité du nombre des agents de l’Etat sur son premier quinquennat, la période 2018-2022 s’est soldée par un recul de 10.000 postes. Dans un pays où la réforme de l’Etat est une arlésienne et où la réduction du nombre des fonctionnaires est un objectif jamais atteint, ce bilan inattendu a de quoi surprendre et aussi, il faut bien le dire, de quoi inquiéter.

La sécurité de l’emploi offerte par l’Etat ne suffit plus à séduire les candidats

Deux choses expliquent ce recul. D’abord, l’Etat n’échappe pas à la pénurie de main-d’œuvre que les entreprises rencontrent depuis deux ans. Le problème est particulièrement sensible pour deux missions clés de la puissance publique. Les Armées, dont les effectifs se sont contractés de 1.000 personnes l’an dernier, alors qu’une hausse était souhaitée. Et surtout, l’Education nationale, qui visait la stabilité, mais a finalement perdu 4.500 agents.

Personne n’a oublié les séances de job dating organisées l’été dernier pour pourvoir les postes vacants à la rentrée. Mais ces difficultés de recrutement classiques pour tous les employeurs en ce moment se doublent pour l’Etat d’un déficit d’attractivité. Avec la baisse du chômage, la sécurité de l’emploi ne suffit plus à séduire les candidats. D’autant que, dans la fonction publique, les salaires, les conditions de travail ou encore les évolutions de carrières sont souvent moins avantageux que dans le privé.

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Autant dire que l’Etat a devant lui un énorme chantier de remise à niveau de sa gestion des ressources humaines. Un chantier stratégique pour l’avenir du secteur public que la traditionnelle augmentation du point d’indice des fonctionnaires ne permettra pas à elle seule de mener à bien.

François Vidal

 

 

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