Le 21 juin, la BCE a décidé de frapper un grand coup dans la lutte contre l’inflation en Europe en augmentant ses taux de 0,5 point, et en annonçant un dispositif inédit capable d’éviter le creusement de la dette des pays de la zone euro les plus fragiles. Pourtant ce « bouclier anticrise » pourrait déjà se fissurer après l’annonce de la démission du Premier ministre italien, Mario Draghi.
La BCE a prouvé qu’elle était prête à se battre sur tous les fronts
La réunion de la BCE qui s’est tenue le 21 juillet était très attendue, et elle n’a pas déçu. Entre une hausse des taux d’intérêt plus forte que prévu et la création d’un bouclier pour protéger les pays de la zone euro les plus endettés des attaques des marchés, on peut effectivement dire que Christine Lagarde s’est hissée à la hauteur des attentes. Elle a prouvé que la BCE était prête à se battre sur tous les fronts au moment où la zone euro affronte une accumulation de tempêtes sans précédent. On parle d’une inflation à des niveaux historiques, un choc énergétique majeur, un risque de récession, et pour couronner le tout, un pays-cœur de la zone euro, l’Italie, qui bascule à nouveau dans le chaos politique. La BCE s’est en particulier positionnée pour la lutte contre l’inflation avec cette hausse inattendue de 0,5% des taux d’intérêt. Mais aussi avec l’annonce de ce dispositif inédit qui doit permettre d’éviter une nouvelle crise de la zone euro au moment où le resserrement monétaire s’amorce. En effet ce resserrement alourdira forcément le poids de la dette des pays les plus fragiles mais sur le papier, la riposte semble adaptée et proportionnée.
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Le tout nouveau « bazooka monétaire » de la BCE pourrait déjà être obsolète
Pourtant, le problème est que ces annonces ont été percutées par la chute du gouvernement Draghi à Rome. En effet, Aussitôt né, le tout nouveau « bazooka monétaire » de la BCE pourrait bien être déjà obsolète. Car son utilisation est assortie de nombreuses conditions et que cette liste ne prévoit pas qu’il puisse servir de paratonnerre pour résoudre une crise essentiellement politique. En clair, il ne s’agit pas d’un chèque en blanc pour le gouvernement d’un Etat membre qui sortirait des clous budgétaires européens. Une exclusion logique de la part du gardien de la zone euro et un message à méditer de l’autre côté des Alpes où les élections qui se profilent à la rentrée pourraient bien porter au pouvoir un parti eurosceptique. En attendant le verdict des urnes, nul doute que les investisseurs chercheront à tester la résolution de la Banque centrale européenne. La fin de l’été s’annonce donc agitée pour la dette des pays périphériques de la zone euro et par ricochet pour Christine Lagarde.
François Vidal
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