L’agression du petit-neveu de Brigitte Macron, la conséquence d’une banalisation de la violence symbolique ?

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L’agression contre un petit-neveu de Brigitte Macron a suscité de vives indignations parmi les responsables politiques. L’écho médiatique est totalement justifié, et pas en raison d’une supposée sacralisation de la famille présidentielle.

Une agression comme celle subie lundi soir à Amiens par Jean-Baptiste Trogneux est odieuse, que l’on soit le petit-neveu de la première dame de France ou que l’on soit un anonyme.

Mais dans le cas précis, en frappant, presque en lynchant, le célèbre chocolatier de la ville, les individus visaient explicitement le président de la République, juste après son interview télévisée.

Cette violence par procuration est « bête et lâche », comme l’a dit Brigitte Macron. Car la violence contre les personnes est par définition illégitime mais culpabiliser quelqu’un en raison d’un simple lien de parenté, c’est minable et inacceptable.

Une agression qui rappelle l’incendie de la maison du maire de Saint-Brévin

Cet épisode s’inscrit dans un contexte où les élus, les responsables politiques, sont pris pour cible personnellement, leur personne ou leur domicile. On pense à l’incendie de la maison du maire de Saint-Brévin.

Critiquer, dénoncer une action ou une décision, c’est légitime. S’en prendre aux personnes, à leur famille, à leur vie privée, c’est un palier inquiétant et totalement incompatible avec le débat démocratique.

A entendre les réactions à cette agression, peut-on parler d’union sacrée des politiques français ? Les condamnations ont été unanimes. Et c’est bien le moins. C’est bien le moins, encore qu’on avait vu lors de la contestation de la réforme des retraites une partie de la gauche refuser de condamner voire justifier certaines violences fussent-elles symboliques.

Jean-Luc Mélenchon et Marine Le Pen ont condamné l’agression du petit neveu de Brigitte Macron

Comme souvent dans ces cas-là, on guette la réaction de ce que l’on appelle les extrêmes qu’il est tentant et facile de désigner en responsables indirects de ces actes. Marine Le Pen a été sans ambiguïté comme elle l’avait été après qu’Olivier Dussopt eut été traité d’assassin par un député LFI.

Il ne sert plus à rien de dire qu’elle fait des efforts pour être irréprochable. En la matière, elle est pleinement républicaine. Jean-Luc Mélenchon aussi a condamné. Mais en précisant qu’on le sommait de réagir et en déplorant qu’on ne réagisse pas plus aux menaces dont il faisait l’objet. Avec lui, ça n’est jamais clair ou sans restrictions.

Peut-on faire un lien entre les violences verbales, de plus en plus fréquentes dans le débat public, et les violences physiques, elles aussi de plus en plus fréquentes ? Eternelle question. La parole permet-elle de canaliser la violence ou la provoque-t-elle ?

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En tous cas on ne peut pas nier que la banalisation de la violence symbolique peut favoriser la violence physique. Quand on brûle une effigie du président de la République, ou qu’on rappelle la décapitation de Louis XVI ; quand, dans un autre domaine, on asperge de peinture des monuments ou des œuvres d’art, il ne faut pas s’étonner que certains esprits fragiles ou pervers passent à l’acte.

Guillaume Tabard

 

 

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