Violences faites aux élus : Faut-il repenser leur statut et leur rémunération ?

NICOLAS MESSYASZ/SIPA

Un rassemblement a eu lieu aujourd’hui à Saint-Brévin en soutien au maire démissionnaire Yannick Morez, dont le domicile avait été incendié. Les chiffres le disent, on assiste à une explosion de la violence contre les élus. Un phénomène qui met en lumières plusieurs crises de société.

Les violences contre les élus ont augmenté de 32 % en 2022. C’est énorme, et derrière les statistiques, il y a la réalité. L’exemple de Saint-Brévin frappe les esprits parce que non seulement la personne du maire est attaquée mais c’est son domicile privé – donc sa famille – qui est visé.

C’est un palier nouveau, inquiétant et inacceptable. Souvenez-vous il y a quelques jours l’agression contre un petit-neveu de Brigitte Macron. Et il y a tous ces témoignages qu’on entend.

Le maire de Val-de-Reuil Marc-Antoine Jamet est menacé et accusé de racisme par une famille qui refuse une solution pourtant favorable trouvée pour un de ses enfants handicapés. Le maire de Neuilly Jean-Christophe Fromantin se fait traiter de « criminel » et porter en justice par un administré mécontent d’un chantier devant chez lui.

Les politiques, mais les forces de l’ordre, les pompiers, les médecins et enseignants sont aussi visés

Certes, cela a toujours existé. Mais les cas sont de plus en plus nombreux et de plus en plus violents, verbalement et physiquement. Il y a incontestablement une crise de l’autorité ; une crise du respect.

Vous noterez qu’il n’y a pas que les politiques qui sont ciblés. Les forces de l’ordre, les pompiers sont victimes d’attaques de plus en plus brutales. Les enseignants sont insultés par les élèves et parfois même par des parents qui ne supportent pas que l’on dise quoi que ce soit à leurs enfants.

Il y a des médecins et des pharmaciens intimidés. Ce sont en fait tous ceux qui représentent l’autorité publique qui sont non seulement critiqués mais contestés, délégitimés et même attaqués. Il y a un problème d’autorité et de civisme. C’est dire si on n’est pas juste face à une hausse conjoncturelle de statistiques mais face à un vrai problème de société.

Faut-il un statut spécial pour les élus, leur garantissant une formation et une protection ?

Les réponses politiques à cette crise existent-elles ? Il faut sans doute renforcer la chaîne pénale. Ou déjà rendre plus effective l’application des peines. En matière de civisme, on pourrait imaginer que le Service national universel contribue à inculquer un certain nombre de principes civiques ou républicains.

En ce qui concerne les élus, on peut aussi réfléchir à un véritable statut qui leur garantirait de la formation, de la protection, une rémunération digne aussi et les moyens d’une reconversion car beaucoup exercent un véritable sacerdoce sans reconnaissance ou considération en retour.

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Y a-t-il aussi une dimension plus strictement politique dans ces violences ? On parle en ce moment d’une recrudescence de groupes d’extrême-droite. Celle-ci est en grande partie fantasmée. Elle n’est pas inexistante, mais elle est résiduelle.

C’est la gauche mélenchoniste surtout qui agite cet épouvantail. Peut-être pour détourner l’attention de paroles ou d’attitudes pour le coup violentes, fut-ce de manière symbolique, et qui elles peuvent favoriser chez certains un passage à l’acte. Là, il y a un vrai danger.

Guillaume Tabard

 

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