Multiplier les contrôles pour mieux lutter contre les rodéos urbains, c’est ce qu’a annoncé ce lundi 8 août le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin. Le phénomène, qui consiste à rouler à toute vitesse sur la voie publique la nuit, est considéré depuis 2018 comme un délit, et non plus comme une infraction au code de la route. Toutefois ces mesures sont insuffisantes selon le policier Benoît Barret, secrétaire national du syndicat Alliance en charge des régions, invité ce mardi 9 août de la matinale de Radio Classique.
Rodéos sauvages : « Il faut permettre aux policiers de poursuivre physiquement les délinquants »
Les rodéos urbains ont fait une nouvelle victime vendredi dernier, une petite fille de 7 ans opérée après un traumatisme crânien, et qui risque de conserver des séquelles neurologiques lourdes. Elle a été renversée dans son quartier de Pontoise en banlieue parisienne. Le suspect, âgé de 18 ans, participait à un de ces rodéos sauvages avec un motocross. « C’est un sentiment de colère [qui domine] », réagit Benoît Barret, face à « un phénomène de société qui ne cesse d’empirer ». Il estime que la loi de 2018 destinée à renforcer les sanctions contre les participants n’a pas été suffisante. Elle impose aux policiers d’interpeller les délinquants en flagrant délit, « or il est extrêmement compliqué d’identifier ces personnes dont les véhicules ne sont pas toujours immatriculés ».
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Il plaide pour donner une assise juridique suffisante aux forces de l’ordre : « il faut changer radicalement la méthode et permettre aux policiers de poursuivre physiquement les auteurs de ces délits ». Le secrétaire national du syndicat Alliance en charge des régions explique qu’aujourd’hui, les policiers ne peuvent pas les poursuivre, car « si le délinquant chute, se blesse, voire pire, le policier sera placé en garde à vue ». Il juge aussi que le renforcement des contrôles annoncé par Gérald Darmanin n’est pas l’élément le plus important. Le plus crucial, selon lui, est d’appliquer les peines prononcées. Les participants aux rodéos sauvages encourent entre 1 et 5 ans de prison, et entre 15 000 et 75 000 euros d’amende. Or selon Benoît Barret, la plupart du temps ces peines « ne sont ni prononcées et encore moins exécutées ». Il demande que la justice « passe réellement ». « Ce qu’on demande », assure le membre du syndicat Alliance, « ce n’est pas tellement plus de peine, c’est qu’elles soient exécutées ».
Béatrice Mouedine