Variole du singe : Les hommes homosexuels doivent être « les plus prudents », explique le virologue Bruno Lina

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La communauté homosexuelle est à risque face à l’apparition de la variole du singe, rappelle le professeur en virologie au CHU de Lyon Bruno Lima. Invité de Gaël Giordana sur Radio Classique ce mercredi 4 août, il insiste sur le fait que la contamination peut avoir lieu « même sans activité sexuelle ».

La variole du singe circule en Afrique et en Europe

La France a-t-elle mis du temps à réagir face à la variole du singe ? C’est l’interrogation de certains observateurs, qui notent que le ministre de la Santé François Braun vient tout juste de se rendre pour la première fois dans un centre de vaccination. Bruno Lina temporise, et rappelle que le premier cas a été détecté le 7 mai en Grande-Bretagne, il y a donc 3 mois : « ce n’est pas très long lorsque l’on a affaire avec une émergence comme celle-ci ». Le virologue souligne également qu’il existe un vaccin : « toutes les personnes de plus de 45 ans qui ont été vaccinées contre la variole humaine sont protégées à plus de 90% contre la variole du singe ». On sait qu’il y a aujourd’hui 2 virus qui circulent, l’un en Afrique centrale, particulièrement virulent, et l’autre qui circule en Afrique de l’Ouest et en Europe, qui semble moins dangereux.

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Bruno Lina appelle à ne pas stigmatiser la communauté homosexuelle

Le mode de transmission a changé : « le virus initial [se transmettait] par voie aérienne ou au contact d’animaux malades, comme les rongeurs, alors qu’aujourd’hui on est essentiellement face à une transmission de contact ». Un élément crucial, car si la variole du singe se traite comme une maladie sexuellement transmissible, elle ne l’est pas vraiment, ainsi « une personne malade qui partage le lit de quelqu’un, même sans activité sexuelle, peut déposer des virus dans les draps et par contact des draps ». Bruno Lina appelle donc à « ne pas stigmatiser la communauté homosexuelle, qui est certes à risque, mais cela va au-delà ». Il y a aujourd’hui en France plus de 2000 cas identifiés, principalement en Île-de-France, avec à l’échelle planétaire 8 décès enregistrés pour 25 000 cas. Le virologue appelle toutefois les membres de la population la plus touchée, c’est-à-dire la communauté homosexuelle masculine, à être « les plus prudents pour casser les chaînes de transmission ». Il salue au passage le travail d’associations « qui travaillent très activement pour passer les informations sur les risques de contamination ».

Béatrice Mouedine

 

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