Proposition de loi Liot torpillée : Une victoire à la Pyrrhus pour la Macronie

Jacques Witt/SIPA

L’article de suppression de la retraite à 64 ans dans la proposition de loi du groupe Liot a été à son tour supprimé en commission des affaires sociales. C’est une victoire pour la majorité, mais le feuilleton de cette proposition de loi n’est pas terminé et à l’arrivée, je ne suis pas sûr qu’il y ait beaucoup de gagnants.

Essayons d’y voir clair. L’objectif des macronistes est toujours que cette proposition de loi d’abrogation ne soit pas débattue, donc pas votée en séance publique la semaine prochaine. Il faut pour cela qu’elle soit déclarée irrecevable.

Comme ça n’a pas été fait au début, il faut se rattraper maintenant, mais Yaël Braun-Pivet, la très autonome présidente de l’Assemblée Nationale n’a pas voulu être le bras armé des manœuvres de son parti.

Dans cette affaire, tout est confus, rien n’est glorieux, tout est pathétique

D’où cette opération en deux temps. Il a d’abord fallu d’abord faire voter en commission des affaires sociales la suppression de l’article 1 qui abroge la retraite à 64 ans. Ça a été fait hier, dans une ambiance électrique.

Prochaine étape : Charles de Courson déposera en séance un amendement pour rétablir l’amendement supprimé et c’est alors que la présidente de l’Assemblée déclarera cet amendement irrecevable et que la proposition de loi sera finalement écartée.

Dans cette trop longue fin du feuilleton des retraites, tout est confus, rien n’est glorieux, tout est pathétique. Pathétiques, ces accusations mutuelles : vous bafouez la démocratie ! non c’est vous ! La réalité c’est que sans majorité absolue et sans accord avec LR, il a bien fallu en passer initialement par le 49.3.

Une nouvelle motion de censure est le scénario le plus probable

Ensuite, faire une proposition de loi dont l’objet est de supprimer une loi qui vient tout juste d’être adoptée, c’est légal, mais c’est du détournement de l’esprit des lois. Puis cet exercice d’acrobatie avec l’article 40, toujours oublié et d’un seul coup brandi, ces changements de représentants au sein de la commission des affaires sociales, ces obstructions à front renversé, ces querelles de règlement, tout cela donne une image déplorable de tous les acteurs de ce jeu de rôle ; tous.

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Disons-le clairement : sous couvert de défense des droits du Parlement, nos députés se font les meilleurs apôtres de l’anti-parlementarisme.

Comment cela peut-il se finir ? On parle déjà d’une nouvelle motion de censure. Le plus probable est effectivement que le parcours de la proposition de loi du groupe Liot, ce petit groupe charnière plutôt centriste devenu dépositaires des espoirs conjoints de LFI et du RN, n’aille pas à son terme et que, dans la foulée, le même Charles de Courson dépose une nouvelle motion de censure. La dernière fois, ça s’était joué à neuf voix près. Autant se préparer tout de suite à revivre le même suspense.

Guillaume Tabard

 

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