La commission d’enquête parlementaire sur les ingérences étrangères a écrit noir sur blanc dans son rapport que le RN était une « courroie de transmission du discours russe » et un « vecteur des éléments de langages du Kremlin ». C’est très embarrassant pour le parti de Marine Le Pen.
Ce sont les députés RN eux-mêmes qui ont pris l’initiative de cette commission d’enquête parlementaire sur les ingérences étrangères dans la vie politique française.
C’était le 23 septembre dernier et à l’époque, les élus lepénistes étaient très fiers de leur coup qui devait selon eux laver leur honneur face aux accusations régulières de collusion avec le régime de Poutine.
Le RN Jean-Philippe Tanguy a présidé cette commission, et donc les très nombreuses auditions de responsables politiques dont Marine Le Pen, de patrons de services de renseignement, d’experts et de hauts fonctionnaires.
Marine Le Pen a rencontré Vladimir Poutine en mars 2017, avant le 1er tour de la présidentielle
Sans doute pensait-il pouvoir orienter les travaux. Il n’en fut manifestement rien tant le contenu du rapport rédigé par la rapporteuse Renaissance Constance Le Grip est accablant pour le RN. On y lit que le lien entre la Russie et le Front national est « ancré dans la durée », avec pour fondement la « croyance en une Russie éternelle, orthodoxe, défendant “l’homme blanc” et la chrétienté ».
Le rapport pointe une accélération du rapprochement avec le Kremlin à partir de 2011 lorsque Marine Le Pen prend la tête du parti. Il relate de nombreuses rencontres entre frontistes et responsables de Moscou ainsi qu’« une demande insistante et formulée pendant plusieurs années de rendez-vous officiel avec Vladimir Poutine », de la part de Marine Le Pen qui finira par obtenir audience le 24 mars 2017, juste avant le premier tour de la présidentielle française.
Le RN est aussi épinglé sur ses votes au Parlement européen « systématiquement alignés sur l’intérêt du régime russe ». Mais le gros morceau c’est le financement du parti. Les fameux prêts obtenus auprès de banques russes.
Marine Le Pen dénonce un rapport « sectaire, malhonnête et politisé »
La rapporteure Le Grip affirme que les prêts ont été accordés avec une grande bienveillance car le parti n’offrait pas de garanties solides ce qui, pour elle valide la thèse d’un « traitement de faveur » de la part des Russes.
Je vous lis la conclusion du rapport : « L’ensemble conduit à s’interroger sur les motivations qui ont conduit à l’octroi de ces prêts alors que le parti a multiplié les marques de soutien et de proximité envers le pouvoir russe ».
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Marine Le Pen a balayé hier, un rapport, je cite, « à l’image de la rapporteure, c’est-à-dire sectaire, malhonnête et tout à fait politisé ». Reste que nous sommes face à un cas d’école d’arroseur arrosé. Le RN tâche de renvoyer l’image d’un parti de professionnels prêts à gouverner. En attendant il a démontré sa capacité d’innovation en inventant l’autodestruction par commission d’enquête. Du travail de pro.