Visite de Xi Jinping en Russie : Un soutien de poids pour le maître du Kremlin

Mikhail Tereshchenko/AP/SIPA

Depuis deux jours, Xi Jinping et Vladimir Poutine mettent en scène leur partenariat stratégique à Moscou. 

 

L’Europe, les Etats-Unis et le Japon pèsent 13 fois plus lourd que la Russie dans la balance commerciale chinoise

Cette visite a une portée symbolique évidente. Elle rompt spectaculairement l’isolement du maître du Kremlin et conforte le statut de superpuissance de la Chine. C’est un pied-de-nez adressé aux Occidentaux et à leurs sanctions contre la Russie et son économie. Mais il ne faut pas pour autant surinterpréter les démonstrations de, « l’amitié infinie » proclamée entre les deux pays. Sur le plan militaire d’abord, Pékin n’a aucune intention d’appuyer davantage l’effort de guerre russe en Ukraine. Ses industriels continueront sans doute, comme ils le font aujourd’hui, à livrer des technologies duales, c’est-à-dire d’usage à la fois civil et militaire, mais ils n’iront pas plus loin. La Chine risquerait d’écorner son image de puissance responsable attachée à la stabilité géopolitique et ses entreprises de subir à leur tour des sanctions de la part des Occidentaux. Ce sont en fait des partenaires, mais pas des alliés.

 

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Même sur le partenariat, les deux pays ne sont pas sur un pied d’égalité. En réalité, ce qui est en train de se mettre en place, c’est un accord économique asymétrique dans lequel Pékin est clairement dominant. Pour financer son effort de guerre, Moscou a désespérément besoin de trouver de nouveaux acheteurs pour son gaz et son pétrole, dont il exportait les deux tiers vers l’Occident jusqu’au début 2022. Une occasion en or pour Pékin qui y voit la possibilité de s’assurer un approvisionnement en hydrocarbures pérenne et si possible bon marché. D’où la signature d’un accord pour créer un nouveau gazoduc entre les deux pays. Mais la Chine n’ira pas beaucoup plus loin d’un point de vue commercial. Car, il ne faut pas l’oublier, l’Europe, les Etats-Unis et le Japon pèsent collectivement treize fois plus lourd que la Russie dans la balance commerciale chinoise. Et qu’il ne faudrait pas se mettre à dos, ces clients essentiels.

François Vidal

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