Chine : Avec un objectif de croissance prudent, le pouvoir mise désormais sur la défense

CHINE NOUVELLE/SIPA

L’objectif de croissance économique de la Chine s’élève cette année, à +5%. C’est le plus faible objectif depuis des décennies.

 

Le budget de la défense annoncé est en hausse de 7%, un record depuis 2019

Au lendemain de trois ans de ralentissement liés aux restrictions anti-Covid, cette hausse de 5% n’a effectivement rien d’exceptionnel. Surtout si on la compare au rebond en V qu’avaient connu les économies occidentales en sortie de pandémie. On pouvait légitimement s’attendre à plus d’ambition de la part de la locomotive de l’économie mondiale. Mais, à y regarder de plus près, on se rend compte que cet objectif de croissance limité à 5% n’a rien d’étonnant. C’est en fait le symbole d’un changement d’époque. Après avoir surfé pendant des années sur l’explosion du commerce planétaire, la Chine prend acte des risques de fragmentation qui menacent désormais l’économie mondiale. En clair, Pékin est en train de basculer dans un modèle d’économie de guerre, non pas militaire bien sûr, mais commerciale. La Chine se prépare à de possibles nouvelles offensives contre les produits made in China, de la part des Etats-Unis notamment. Si le moteur de l’export s’enraye, quels seront les ressorts de la croissance chinoise ?

 

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Xi Jinping et son équipe misent avant tout sur le rebond de la demande intérieure avec deux leviers. D’abord, avec un boom de la consommation des ménages alimenté par l’épargne considérable accumulée pendant les années Covid puis, la reprise du marché du travail liée au regain d’activité constaté depuis le début de l’année. Sur 2023, les autorités tablent au total sur la création de 12 millions d’emplois. Pour le moment, et c’est à noter, le pouvoir en place ne prévoit donc pas de plan de relance massif. En fait, le principal effort public ne devrait pas porter sur l’économie cette année, mais sur les dépenses militaires. Le budget de la défense est annoncé en hausse de plus de 7%, un record depuis 2019. A 230 milliards de dollars officiellement, il ne représente que 30% de celui des Etats-Unis. Mais, en pleine période de tensions géopolitiques, sa forte augmentation est une autre façon pour Pékin d’indiquer que les temps ont changé.

François Vidal

 

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