Les Occidentaux se sont engagés à soutenir l’effort de guerre ukrainien en lui livrant de plus en plus d’armes.
En France, les dépenses militaires doivent augmenter de 100 milliards entre 2024 et 2030
Pour l’industrie de l’armement française en tout cas, le défi est immense. Toutes proportions gardées, la situation ressemble à celle qui prévalait au début de la pandémie, quand nous manquions de masques, faute de réserve stratégique. Ce qui manque après un an de guerre, ce sont des munitions et des matériels à livrer à l’Ukraine. Les stocks sont vides ou presque. Alors, la bonne nouvelle est que l’appareil productif existe sur notre territoire. Mais la mauvaise, est qu’il n’est pas en mesure de répondre aux besoins d’une guerre à haute intensité. Et ça n’a rien de surprenant. Depuis des décennies, nous avons dimensionné notre industrie de défense pour qu’elle soit en mesure de produire le minimum nécessaire en temps de paix. Et nous ne sommes pas les seuls dans ce cas. Si rien n’est fait, il faudra six ans aux industriels de l’armement américain pour compenser les dons d’obus de 155 mm à l’Ukraine.
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Mais la donne est en train de changer. En France, les dépenses militaires doivent augmenter de 100 milliards entre 2024 et 2030. Pour que ces moyens supplémentaires permettent d’augmenter les cadences, il va falloir lever trois obstacles. Il faudra d’abord que l’Etat s’engage sur des commandes pluriannuelles pour donner de la visibilité aux industriels sur le long terme. Il sera ensuite nécessaire de privilégier l’efficacité et la robustesse des armements plutôt que de continuer à développer les solutions les plus technologiques, souvent coûteuses et fragiles. Pour accélérer la production, il faudra enfin sécuriser l’accès aux matières premières et au financement. Deux goulets d’étranglement majeurs aujourd’hui. En clair, les freins à lever sont puissants. Et le risque que nous arrivions après la bataille ukrainienne n’est pas nul. Mais dans cette affaire, l’enjeu va bien au-delà. Dans un monde de plus en plus dangereux, c’est la sécurité de l’Europe à long terme qu’il s’agit d’assurer.
François Vidal