TOSCANINI Arturo

(1867-1957) Chef d'orchestre

La longue carrière et l’extrême précision musicale de Toscanini, réputé pour son attention à chaque note de chaque instrument, en ont fait la référence obligée de tous les chefs d’orchestre qui l’ont suivi. Si le rôle de chef a largement évolué, dans un sens plus « démocratique », moins autoritaire, les résultats obtenus par Toscanini dans l’interprétation de la plupart des chefs d’œuvre de la musique symphonique et lyrique restent parmi les plus remarquables de l’histoire.

Arturo Toscanini en 10 dates :

  • 1867 : Naissance à Parme
  • 1877 : entre au Conservatoire de Parme
  • 1886 : Première direction d’orchestre au Brésil
  • 1895 : Directeur musical du Teatro Regio de Turin
  • 1898 : Directeur musical de la Scala de Milan
  • 1908 : Départ pour l’Opéra de New York
  • 1928 : Directeur de l’Orchestre philharmonique de New York
  • 1937 : Directeur de l’Orchestre symphonique de la NBC
  • 1954 : Dernier concert au Carnegie Hall
  • 1957 : Mort à New York

 

Ses débuts de chef d’orchestre au Brésil révèlent son talent à 19 ans.

Fils aîné d’une famille modeste, dont le père s’est engagé auprès de Garibaldi et l’a payé de trois ans de prison, Toscanini se montre vite doué pour la musique. Il entre au conservatoire de Parme à 10 ans, apprend le violoncelle et le piano, et joue régulièrement dans l’orchestre du Teatro Regio. Il sort diplômé en 1885 et part en tournée l’année suivante avec une troupe lyrique.

Au Brésil, le chef prévu doit être remplacé. Toscanini, engagé au départ comme pianiste répétiteur, est désigné. Il dirige Aïda de Verdi par cœur, c’est un triomphe. On lui confie donc toutes les représentations suivantes. De retour en Italie, il est engagé à Turin pour diriger un opéra de Catalani, Edméa. Il s’installe à Milan avec sa famille, et reprend une place de violoncelliste dans l’orchestre de la Scala. Il participe ainsi à la création d’Otello. Mais, très vite, les engagements pour diriger les opéras du répertoire l’occupent à plein temps. Son premier poste permanent à la baguette lui est offert par le Liceu de Barcelone en 1890, en tant que chef adjoint. Il revient néanmoins peu après en Italie, où il dirige de nombreux opéras. Il crée Paillasse de Leoncavallo et dirige notamment Manon Lescaut de Puccini.

 

Toscanini crée La Bohème de Puccini, et devient directeur de la Scala à seulement 31 ans.

En 1895, il devient directeur musical du Teatro Regio de Turin, où il ouvre la saison par Le Crépuscule des dieux de Wagner. L’année suivante, il crée La Bohème de Puccini. Le succès est au rendez-vous. Les choses vont bien pour lui, il se marie bientôt et aura quatre enfants. La petite dernière, Wanda, sera l’épouse de Vladimir Horowitz.

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La Scala de Milan le nomme directeur en 1898. Toscanini a 31 ans. Comme à Turin, il débute sa première saison avec Wagner, cette fois Les Maîtres chanteurs de Nuremberg. Puis ce sera un Tristan et Isolde de légende, qui lui vaudra les félicitations de la famille Wagner. Deux mois après la création ratée de Tosca à Rome (sous la direction du chef Leopoldo Mugnone), il donne avec succès l’opéra de Puccini. Proche de Verdi sur la fin de sa vie, il dirige Falstaff et fait jouer des extraits de ses œuvres lors des cérémonies d’hommage après sa mort en 1901. Les saisons suivantes à la Scala se passent bien, malgré les tensions avec les chanteurs. Toscanini souhaite infléchir certaines de leurs habitudes et les solistes rechignent. Mais le problème principal vient de la dégradation de ses relations avec le directeur, qui refuse d’augmenter son salaire pourtant bien inférieur à celui des chanteurs. Il décide finalement de démissionner après cinq ans de bons et loyaux services.

 

Il quitte la Scala de Milan pour le Met de New York.

La période « sabbatique » qui suit son départ de Milan est tout de même très active, entre tournée en Argentine et concerts à Bologne. Mais la Scala le réclame à nouveau. Cette fois, il pose ses conditions. En particulier la création d’une fosse d’orchestre et la suppression des bis des chanteurs en cours de spectacle. Il donne Salomé de Strauss puis impose Pelléas et Melisande de Debussy. A l’automne 1908, il quitte Milan pour prendre le poste de chef d’orchestre du Metropolitan Opera de New York, où Gustav Mahler est déjà titulaire. La cohabitation est difficile, mais Toscanini réussit à s’imposer et à appliquer ses conceptions pour les spectacles lyriques. Il reste au Metropolitan jusqu’en 1915. Peut-être son départ est-il motivé par la décision de mettre fin à sa relation avec la très belle cantatrice Geraldine Farrar ?

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Hostile à Adolf Hitler et Mussolini, Toscanini refuse de diriger à Bayreuth après 1933

En 1921, il redevient directeur musical de Milan. Il repart à New York en 1928, cette fois pour diriger l’Orchestre philharmonique. Après avoir été le premier non allemand à diriger à Bayreuth en 1930 et 1931, il refuse d’y retourner à partir de 1933. Hostile au régime fasciste de Mussolini, il choisit de s’installer définitivement à New York. Il y restera jusqu’à sa mort.

 

l’Ouverture de La Force du destin de Verdi (NBC Symphoony Orchestra, 1944)

 

Avec le New York Philarmonic, il donne les symphonies de Haydn, Mozart et Beethoven. Il accepte d’abord les enregistrements du label Victor avant d’y mettre fin. La dernière année de son mandat, en 1936, il finit par trouver un accord avec RCA qui enregistre une impressionnante 7ème Symphonie de Beethoven. La radio NBC l’engage pour être le directeur de son nouvel orchestre symphonique. Ce sera son dernier poste. Il devient alors une sorte de star que l’on promène dans tout le pays, avec des programmes radiophoniques à portée pédagogique, malgré leur organisation très commerciale.

 

Après un trou de mémoire, il se résout à mettre fin à sa très longue carrière.

Une des marques de fabrique de Toscanini est le respect scrupuleux de la partition dans ses moindres détails. Pourtant, il dirige sans la poser devant lui, la connaissant par cœur après l’avoir longuement étudiée et travaillée en répétition. « Sa mémoire est proverbiale, pas un détail ne lui échappe », dit de lui le compositeur Igor Stavinsky. Les témoignages des musiciens confirment cette volonté de grande précision, qui peut le conduire à quelques colères mémorables. Lui-même a souvent exprimé sa propre insatisfaction, doutant toujours de ses performances.

Son dernier concert à 87 ans est consacré à Wagner, au Carnegie Hall. Un trou de mémoire dans Tannhäuser lui commande alors d’arrêter sa carrière. Il meurt en janvier 1957 dans son appartement new-yorkais.

 

Philippe Hussenot

 

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