Les principaux pétroliers mondiaux affichent des bénéfices records pour 2022 : 19.5 milliards d’euros pour TotalEnergies, 25,7 pour BP, plus de 36 milliards pour Shell, et le record absolu pour l’américain Exxon avec 52 milliards d’euros. Des résultats historiques, portés par la flambée des prix des énergies.
Total veut multiplier par 10 ses capacités de production électrique à l’horizon 2030
Les sommes qui sont en partie redistribuées aux actionnaires, sont également réinvesties, notamment dans le développement des énergies renouvelables. Or sur cette question, chaque géant a sa stratégie. Les Américains restent plus timorés face à un marché dominé par les mobilités fossiles. Les Européens, eux, poussés par une opinion publique favorable à un verdissement des énergies, font plus d’efforts mais de façon disparate. Alors qu’en parallèle de résultats historiques, le géant britannique BP annonce un ralentissement de ses investissements dans le renouvelable, TotalEnergies veut accélérer. Une illustration d’une différence de positionnement, note Jean-Baptiste Hecquet, spécialiste énergies chez Sia Partners : « Total veut multiplier par 10 ses capacités de production électrique pour passer à 100 gigawatt à l’horizon 2030. Pour BP on est plutôt sur la moitié ».
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Pour un euro dépensé dans le renouvelable, Total en mise 3 autres sur les énergies fossiles. BP, de son côté, place ses billes à 50% sur le pétrole et 50% dans le gaz, l’éolien ou le solaire. Ce n’est donc pas vraiment un abandon des matières fossiles. Si un pétrolier a plus de revenus, il va accélérer ses dépenses dans la transition énergétique mais en même temps accélérer les investissements dans le pétrole parce qu’il doit continuer à fournir aux clients une énergie disponible bon marché, explique Jean-Baptiste Hecquet. Une partie des investissements de Total dans le renouvelable, correspond au secteur gaz, en particulier le gaz naturel liquéfié. Le GNL est moins polluant que le pétrole, mais loin d’être vert, alerte Lucie Pinson, directrice de l’ONG écologiste Reclaim Finance : « La majorité des profits va d’abord aux actionnaires, ensuite au pétrole et au gaz et enfin aux énergies renouvelables alors qu’on a urgence à augmenter les financements aux solutions ». Selon les Nations unies, pour atteindre l’objectif de neutralité carbone en 2050, il faut tripler les investissements dans les énergies vertes et doubler l’offre d’électricité dans les 8 prochaines années.
Eric Kuoch
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