Depuis hier, le dimanche 5 février, les pays occidentaux n’importent plus de produits pétroliers russes. L’entrée en vigueur de cette sixième vague de sanctions doit permettre d’attaquer encore plus Moscou au porte-monnaie.
En un an, l’Inde a multiplié par 14 ses importations de barils russes
Depuis, le 5 décembre, les importations de pétrole brut étaient déjà interdites vers les 27 pays membres de l’Union européenne. Désormais, cela touche aussi le kérosène, le gasoil, ou encore le fioul. Pourtant, le carburant made in Russia ne disparaîtra pas tout à fait de nos véhicules. Pour fabriquer du gazole, ou du kérosène, on mélange des pétroles de provenances différentes. Une fois raffinés, il est difficile d’être sûr à 100% qu’aucun baril russe ne se retrouve dans nos pompes, explique l’économiste Jacques Percebois : « Un baril de pétrole est revendu, retransporté et raffiné. Il est donc très difficile de savoir quelle est son origine. Même si nous ne l’achetons pas directement, il peut nous revenir indirectement ». Face aux sanctions, Moscou s’est garanti des débouchés. En un an, l’Inde a multiplié par 14 ses importations de barils russes, la Chine les a doublées. Les Emirats arabes unis ou l’Arabie saoudite, fournisseurs de l’Europe, continuent eux aussi d’en acheter. Rien n’empêche ces pays de les réinjecter sur le marché mondial.
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C’est un mal pour un bien : « Le pétrole russe contribue à l’équilibre du prix du pétrole international. Imaginez que la production russe soit complètement arrêtée, cela ferait s’envoler les prix du pétrole sur le marché international » confie Jacques Percebois. Les sanctions visent à frapper l’économie de guerre russe. Privé du marché européen, le Kremlin est forcé de vendre à des marges plus faibles, analyse le géopolitologue Francis Perrin : « La Russie, pour continuer à écouler son pétrole et ses produits raffinés, consent des rabais très importants de 40 à 45 dollars par baril. Chaque baril exporté lui rapporte beaucoup moins d’argent qu’avant la guerre en Ukraine ». En décembre, avec le premier embargo sur le pétrole brut, la rente pétrolière russe est tombée à 12,5 milliards de dollars, son plus bas niveau depuis février 2021.
Eric Kuoch
Ecoutez le reportage d’Eric Kuoch à 4 min :