La COP26 s’attaque aux énergies fossiles, et c’est une première

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La COP26 se termine officiellement ce 12 novembre mais en réalité les négociations devraient s’étirer probablement jusqu’à demain. En attendant le texte final de l’accord, la COP a décidé de s’attaquer aux fossiles, au pétrole, au charbon, au gaz et c’est une première.

« Le niveau d’ambition de cette coalition est un premier pas mais il va falloir aller plus loin »

Hier encore, un accord entre Etats a été lancé, il s’agit du Beyond Oil and Gas Alliance. L’objectif est de mettre fin pour ces pays, à leur production de pétrole et de gaz. Une coalition lancée notamment par le Costa Rica et sa ministre de l’environnement Andrea Meza Murillo. Selon elle : « c’est le seul moyen de réussir à limiter le réchauffement. Chaque dollar investi dans les énergies fossiles est un dollar de moins pour des renouvelables ou toute autre chose pour tenir l’objectif des 1,5 degré ». Au total 12 pays et régions s’engagent dont le Costa Rica, le Danemark, la France, la Californie ou encore le Groenland. C’était déjà le cas pour la France à ne plus faire d’exploration et à fixer à terme, une date de fin pour leur production. Selon Romain Ioualalen, membre de l’ONG Oil Change International, qui appelle à mettre fin aux énergies fossiles : « pour la première fois vous avez un groupe de pays et de régions du monde entier qui disent qu’ il n’y a pas de futur pour la production de pétrole et de gaz dans un monde qui respecte l’accord de Paris ».

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Ces pays ne sont pas les plus gros producteurs mondiaux et le diable se cache dans les détails. L’exploration est bien terminée mais pas les projets en cours d’exploitation pour l’instant. « Le niveau d’ambition de cette coalition est un premier pas mais il va falloir aller plus loin. Tous les rapports scientifiques dont nous disposons nous disent que l’exploration doit s’arrêter mais c’est également valable pour tous les projets » dit Romain Ioualalen.

46 pays se sont aussi engagés à se débarrasser du charbon dans leur consommation nationale d’ici 2030 ou 2040

C’est une première destinée aussi à mettre la pression sur les autres Etats. Un accord qui n’est pas le premier à Glasgow puisque la semaine dernière déjà, plus de 20 pays se sont engagés à mettre fin aux financements publics des énergies fossiles dès l’an prochain. Un accord signé par de gros investisseurs comme les Etats-Unis, le Canada, plusieurs pays européens mais pas encore la France. 46 pays se sont aussi engagés à se débarrasser du charbon dans leur consommation nationale d’ici 2030 ou 2040. Du jamais vu en 26 ans de COP. « C’est inédit d’avoir autant d’annonces qui sont spécifiquement sur les énergies fossiles. On voit très bien que les termes du débat sont en train de changer et la question des énergies fossiles devient beaucoup plus centrale. C’est un tabou qui est en train d’être brisé » clame Romain Ioualalen.

 

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Pour la première fois aussi dans l’histoire des COP, une version du texte d’accord mentionne comme objectif la sortie du charbon. C’est ce qu’a demandé également hier le secrétaire général de l’ONU. Il n’y a pas d’engagements réalistes sans sortie des énergies fossiles selon lui. François Gemenne, climatologue affirme qu’il est très tard, trop tard peut-être : «  mais on est tout de même au cœur du problème. Jusqu’ici les COP avaient refusées pudiquement de parler des énergies fossiles. Manifestement, ce ne sera plus le cas cette fois-ci et c’est un grand pas en avant ». Des avancées inédites mais qui ne sont pas encore suffisantes pour tenir les objectifs climatiques. Les spécialistes estiment que les plans de production de fossiles sont 2 fois plus importants que ce qu’il faudrait faire pour l’objectif des 1,5 degrés.

Baptiste Gaborit 

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