Bretagne : Comment l’Île de Sein et ses habitants s’adaptent à la crise de l’énergie

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L’île de Sein, au large de la Bretagne, fait une expérience particulière de la crise de l’énergie en cours. Se chauffer au fioul y coûte très cher, mais l’île progresse sur la rénovation des bâtiments et développe le solaire et l’éolien.

L’île n’est pas raccordée à la terre, ni en eau, ni en électricité

A l’île de Sein dans le Finistère, on tente de se passer complètement d’énergie fossile pour produire de l’électricité. Ici, il n’y a aucun raccordement à la terre, ni en eau, ni en électricité. La sobriété, Marie-Thérèse la connaît bien : « les radiateurs vont au maximum à 17 ou 18 degrés ». Cette habitante est encore prête à se serrer la ceinture, « comme les autres dames de l’île » qu’elle rencontre tous les jeudis dans une salle chauffée à l’électrique. « Cet hiver, je leur ai dit qu’on allait mettre deux pulls et une bonne paire de chaussette. Si on a trop froid, on dansera ! », s’amuse-t-elle.

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Mais se convertir à la transition énergétique n’est pas un long fleuve tranquille quand on est insulaire. D’abord, l’électricité vient de générateurs qui fonctionnent au fioul. « Ca coûte cher », regrette le conseiller municipal François Spinec : près de 9 fois plus qu’ailleurs. « Et on pollue 12 à 13 fois plus par habitant que sur le continent ». Pour diminuer la consommation de fioul, on a donc commencé par s’attaquer aux passoires thermiques. C’est la mission d’Emilie Gauter de l’Association des îles du Ponant, dont fait partie l’île de Sein. 100 maisons ont été rénovées depuis 10 ans, mais sur les 330 logements, beaucoup restent « anciens et peu rénovés » selon elle. « C’est compliqué de ramener des artisans car il y a un seul bateau par jour. Ca entraîne un surcoût de 38% par rapport au continent », poursuit-elle.

40% de l’île est un espace naturel protégé : ça complique l’installation d’éoliennes

Depuis 2016, la mairie a installé des panneaux photovoltaïques partout où elle a pu : sur les toits de la gare maritime, la caserne des pompiers, chez un ostréiculteur… De quoi remplir jusqu’à 25% de son bouquet électrique et économiser 100 tonnes de fioul par an. En revanche, il est impossible de trop compter sur le solaire en hiver, « là où on consomme le plus », prévient le maire d’Île-de-Sein Didier Fouquet. « On a beaucoup de monde qui vient fêter Noël en famille ou faire la fête, car il n’y a pas de voitures et peu de gendarmes », explique-t-il. Pour verdir encore son électricité, la commune a aussi besoin d’éoliennes. C’est le grand projet de l’île depuis plusieurs années mais les 56 hectares de l’île sont classés Grand Site de France, ce qui complique la tâche. « 40% du territoire appartient au conservatoire du littoral et sont des espaces naturels protégés », indique le maire.

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Le seul endroit non-classé de l’île se situe près de la déchetterie et du phare : c’est là où se dressera la future éolienne, « 30 mètres de haut avec des pales de 15 mètres, en dessous du faisceau du phare », précise-t-il. Il regrette toutefois que la puissance de l’éolienne soit limitée à 250 kilowatts, l’équivalent en puissance d’un groupe électrogène. Après plusieurs recours invalidés en justice, un collectif d’habitants continue de s’opposer au projet d’éolienne. Les travaux vont malgré tout démarrer au printemps prochain. L’objectif de l’île de Sein pour 2030 est que 80% de son bouquet électrique soit issu de l’énergie verte.

Laurie-Anne Toulemont

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