Invitée des Stars de l’Eco sur Radio Classique, Lisa Thomas-Darbois, responsable économie et action de l’Etat de l’Institut Montaigne, est revenue sur la décision de l’agence de notation Standard & Poor’s de maintenir la note de la France à « AA ». Au micro de François Geffrier, l’économiste a rappelé la fragilité de la situation économique française.
C’était une décision qui était attendue. Mais, un mois après la mauvaise note infligée par l’agence de notation Fitch, Standard & Poor’s s’est montrée plus optimiste en maintenant la note de la France au niveau « AA » vendredi 2 juin.
« C’est vrai qu’avec la dégradation de la note par l’agence Fitch, on aurait pu s’attendre à une énième dégradation, rappelle Lisa Thomas-Darbois, de l’Institut Montaigne. Je pense que le gouvernement s’y était aussi préparé ».
Une politique économique soutenue par Standard & Poor’s
Outre la réforme des retraites passée dans la douleur, l’agence américaine a félicité les dernières prévisions économiques affichées par l’exécutif. « Un retour de déficit à moins de 3 % et une dette à 108 % d’ici 2027. »
Selon Lisa Thomas-Darbois, le maintien de la note « AA » est « principalement dû à la révision de la stratégie de consolidation« de la part du gouvernement. En plus de ces mesures, « les entretiens menés ces dernières semaines avec des hauts fonctionnaires, notamment de la Banque de France » ont fini de convaincre les analystes sur la crédibilité du gouvernement.
Comme le rappelle l’économiste, une dégradation de la note aurait pu, au contraire, aggraver la situation de la France (par exemple sur les intérêts d’emprunt des Français auprès des investisseurs), en confirmant la tendance de sa consœur Fitch.
« La situation des finances publiques reste dramatique », avertit Lisa Thomas-Darbois
Réaliste sur la situation française, Lisa Thomas-Darbois a toutefois alerté les auditeurs de Radio Classique : « à l’automne, l’agence de notation pourrait tout à fait revenir sur cette note ». En dépit des assurances apportées par Bercy, S&P a apposé cette note de « prévisions négatives ».
Pour rappel, la France détient l’endettement le plus élevé des pays dans la catégorie « AA ». « L’année dernière, la dette a atteint presque 112 % du PIB, contre 65 % pour l’Allemagne. » L’agence a également relativisé les perspectives économiques affichées par le gouvernement, qui planche sur « une croissance à 1,5 %, contre 1,2 % selon les analystes ».
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Si Lisa Thomas-Darbois tend à minimiser le poids de ces agences de notation, il y a une tendance plutôt négative, que les chiffres plutôt rassurants des derniers mois ne montrent pas suffisamment. « La situation des finances publiques reste dramatique avec 3 000 milliards d’euros de dette, une inflation forte et des conditions d’accès au crédit plus difficiles ».
Le vote du budget 2023, au bout de dix 49.3, pourrait bien connaître une situation similaire pour le budget 2024. Malgré les prévisions du gouvernement et les politiques mises en œuvre par les derniers quinquennats, « miser sur une baisse des dépenses publiques » pour rattraper le déficit budgétaire est « très ambitieux et pas forcément réalisé » s’inquiète Lisa Thomas-Darbois.
Oscar Korbosli