Michel Sénéchal est ténor, mais se rapproche aussi du haute-contre. Apprécié de Karajan, il est régulièrement invité à Salzbourg et au Met de New York. A l’Opéra de Paris, il est sur scène plus de quarante ans et dirige l’Ecole d’art lyrique pendant quatorze ans. Comme son contemporain Gabriel Bacquier, il inquiète aussi bien qu’il amuse. Il triomphe dans Platée de Rameau et interprète de nombreux rôles de caractère, de Basilio des Noces de Figaro à Ménélas de La Belle Hélène.
Michel Sénéchal en 10 dates :
1927 : Naissance à Paris
1950 : Premier prix de chant au Conservatoire de Paris
1951 : Début à Bruxelles dans La Fille de Madame Angot
1956 : Platée à Aix-en-Provence
1962 : Début à l’Opéra de Paris dans Les Indes Galantes
1982 : Début au Met de New York dans Les Contes d’Hoffmann
2000 : La Belle Hélène au Châtelet à Paris
2004 : Dernière scène à l’Opéra de Paris dans Dialogues des Carmélites
2008 : Appel à la refondation des troupes d’opéra, avec Gabriel Bacquier
2018 : Mort à Eaubonne
Michel Sénéchal fait ses débuts au Théâtre de la Monnaie de Bruxelles.
Michel Sénéchal grandit à Taverny (Val d’Oise). Très attaché à sa ville natale, il y demeurera toute sa vie. Il chante dans le chœur de son école et celui de l’église, puis est admis au Conservatoire de Paris dans la classe de Gabriel Paulet, ténor et grand professeur de chant. Son Prix en poche, il remporte deux ans plus tard le concours de Genève. Le Théâtre de la Monnaie de Bruxelles l’engage pour trois ans et lui donne ses premiers rôles sur scène dans l’opérette La Fille de Madame Angot de Lecocq et l’opéra comique Mârouf de Rabaud. Son premier enregistrement date de 1952 : Michel Sénéchal a 25 ans et chante l’air d’Hylas des Troyens de Berlioz.
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Le Festival d’Aix-en-Provence lui offre le rôle de sa vie : Platée de Rameau.
Gabriel Dussurget l’engage une première fois au Festival d’Aix en Provence en 1953, dans L’Enlèvement au sérail. Il triomphe trois ans plus tard dans Platée, l’ouvrage de Rameau alors quelque peu oublié. Cet opéra devient son rôle fétiche, qu’il chantera en divers lieux jusqu’en 1981. Il revient régulièrement à Aix chanter des rôles mozartiens et brille aussi dans les opéras de Rossini, en particulier le Comte Ory, qui lui vaudra également un grand succès à l’Opéra Comique.
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C’est aussi un actif partisan des versions françaises. Il crée ainsi – en français – des opéras de Britten, du Songe d’une nuit d’été à Peter Grimes.
L’opéra français lui doit plusieurs versions de référence au disque.
Dans les années soixante, il enregistre les opéras de Ravel avec Jane Berbié, Gabriel Bacquier et Lorin Maazel. Son interprétation de la Théière, du Petit Vieillard et de la Rainette de L’Enfant et les sortilèges et celle du poète Gonzalve de L’Heure espagnole, restent inégalées. Il chante aussi Boieldieu (La Dame blanche), Berlioz (L’Enfance du Christ), Gounod (Mireille) et Massenet (Thaïs). Et Offenbach bien sûr, avec La Vie parisienne enregistrée sous la direction de Michel Plasson avec Régine Crespin et Mady Mesplé.
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Karajan lui confie le rôle de Basilio des Noces de Figaro.
A partir de 1972, il chante à Salzbourg sous la direction de Karajan dans Les Noces de Figaro. Le rôle de Basilio lui est réservé presque chaque année ! Le chef d’orchestre dit justement « Michel Sénéchal fait du second rôle le premier ». Strehler lui confie également Basilio dans sa mise en scène légendaire de l’Opéra de Paris, avec Bacquier et Van Dam. Et sa prestation dans les Contes d’Hoffmann mis en scène par Patrice Chéreau lui vaut d’être invité au Met de New York, où il retournera souvent.
Il enregistre des mélodies françaises, accompagné au piano par Jacqueline Bonneau ou Dalton Baldwin.
Ses mélodies de Chabrier, Duparc ou Hahn sont très remarquées. Tout comme celles de Poulenc, qui trouvent en lui un interprète soucieux de l’expression et de la diction, apportant une gouaille bienvenue dans Toréador ou les Chansons pour enfants. Le « style Sénéchal » s’y déploie avec brio comme une leçon de chant pour tous ceux qui cherchent le ton juste dans ces œuvres particulières.
Offenbach et Poulenc sont à l’honneur pour ses dernières scènes à Paris.
En 2000 au Châtelet il est au côté de Felicity Lott dans La Belle Hélène, dans la mise en scène joyeuse de Laurent Pelly et sous la direction énergique de Marc Minkowski. Sa dernière prestation est dans Dialogues des Carmélites à l’Opéra Bastille, sous la direction de Kent Nagano, avec Patricia Petibon en Sœur Constance, dix ans avant sa Blanche de la Force dans la mise en scène inoubliable d’Olivier Py.
Trio de Ménélas, Agamemnon et Calchas dans La Belle Hélène, mise en scène par Laurent Pelly (Michel Sénéchal, Laurent Naouri, et François Le Roux, dir. Marc Minkowski)
Michel Sénéchal défend le chant lyrique français et la nécessité des troupes d’opéra.
S’il est un artiste qui n’a pas ménagé ses efforts pour défendre le chant lyrique c’est bien Michel Sénéchal, directeur de l’Ecole d’art lyrique de l’Opéra de Paris de 1980 à 1994. Avec Gabriel Bacquier, il appelle à reconstituer des troupes dans les théâtres et à engager plus souvent des chanteurs français. Il crée, avec Georges Prêtre entre autres, une association pour défendre le patrimoine lyrique français : L’Art du Chant Français. Il se rend encore à Montréal les dernières années pour enseigner le répertoire français aux jeunes chanteurs lyriques canadiens. Son décès le 1er avril 2018, à plus de quatre-vingt dix ans, surprend le monde artistique tant sa jeunesse d’esprit et sa gaieté paraissaient éternelles.
Philippe Hussenot