Pierre Ferracci, président du groupe de conseil Alpha, était l’invité de la matinale sur Radio Classique. Après avoir listé les obstacles qui attendent Emmanuel Macron sur le plan national, il s’inquiète du morcèlement de la solidarité européenne à l’heure de nombreux défis.
Emmanuel Macron devrait se recentrer sur le centre-gauche, estime Pierre Ferracci
Emmanuel Macron, hier en prime time sur France 2 pour commenter les enjeux des mois à venir, a plusieurs problèmes, affirme Pierre Ferracci. La posture du « en-même temps » qu’il hérite de son premier quinquennat est aujourd’hui « bien ébréchée ». L’essentiel de la gauche est partie avec la France Insoumise et la majorité des Républicains n’ont « pas envie de se rapprocher de lui », selon l’expert en politique sociale. Autre caillou dans la chaussure du président : les syndicats, qui ont montré leur opposition pendant la réforme de l’assurance-chômage et peu enthousiastes à l’idée du Conseil National de la Refondation piloté par François Bayrou. « Quand il y a 5 organisations syndicales sur 8 qui refusent d’y aller, ça perd un peu de sa crédibilité dès le départ », commente-t-il. Autant d’éléments négatifs qui entravent le chef de l’Etat, « encore plus avec une majorité relative ». Pierre Ferracci estime que le président devrait se recentrer sur le centre-gauche, « sinon la gauche » pour « ne pas se mettre les syndicats à dos ». Même les relations avec le patronat ne sont plus aussi « construites et convaincantes » qu’avant, relève-t-il.
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L’Europe met en danger son industrie en basculant trop vite dans l’électrique, selon lui
Sur le plan européen, les choses se compliquent aussi pour un président pourtant populaire à l’international : « L’Europe est en train de se déliter », affirme-t-il catégoriquement. Pierre Ferracci s’inquiète de la posture de l’Allemagne, qui « joue de plus en plus solitaire ». En reconstituant son armée avec des avions américains plutôt que des Rafales français, l’industrie européenne « risque d’en prendre un coup », affirme-t-il. De plus, la Grande-Bretagne se tient à l’écart de l’Union et l’Italie est passée sous la coupe d’une première ministre d’extrême droite. « On ne peut même plus s’appuyer sur une dynamique européenne convaincante pour construire quelque chose de solide », craint-il. L’exemple de l’alliance des droites italiennes donnera sans doute des idées aux Républicains, en fonction du futur président du parti qu’on connaîtra en décembre. « Un rapprochement avec l’extrême droite pourrait être dévastateur », analyse-t-il.
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Pierre Ferracci pointe aussi une situation inquiétante dans l’industrie automobile, « un des facteurs de la compétitivité de l’économie française” selon lui. « Le passage à l’électrique est d’une radicalité à toute épreuve », prévient-il face aux « conditions drastiques » environnementales imposées en Europe, mais pas sur le reste de la planète. Cela risque, selon lui, de « donner la main aux Américains et aux Chinois », qui ont une industrie plus unie que la nôtre. Imposer la voiture électrique dans des pays européens qui n’ont pas d’industrie automobile, « ça n’a ni queue ni tête », poursuit-il.
Clément Kasser