Cette année, le choléra a tué 143.000 personnes : la bataille contre le virus est encore loin d’être gagnée. La maladie continue de se propager dans 30 pays et le changement climatique ainsi que les conflits renforcent sa propagation.
Les inondations et les tremblements de terre précipitent la transmission du choléra
Le choléra est encore présent dans près de trente pays dans le monde, notamment à Haïti, en Syrie au Malawi. L’OMS a rappelé qu’au cours des cinq années précédentes, environ 20 pays ont signalé des flambées. Cette année, on dénombre 4 millions de cas et 143.000 décès. La propagation est due à de nombreux facteurs : géopolitique, climatique et économique. Le choléra se transmet via l’eau contaminée par des excréments humains. Dans les pays en proie à des conflits, la situation devient critique : « les infrastructures de gestion des eaux sont mises à mal et il y a un mélange entre les eaux usées et propres », rappelle Anne Sénéquier, directrice de l’observatoire de la santé mondiale à l’IRIS. Elle constate aussi l’impact du changement climatique : le mélange des eaux est précipité par les épisodes d’inondations, de tremblements de terre ou de sécheresse. « C’est un terreau idéal pour la propagation de la pathologie », ajoute-t-elle.
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Depuis la crise du Covid, les campagnes vaccinales ont été stoppées
Depuis une dizaine d’année, un vaccin existe. Mais avec la crise du Covid, les campagnes vaccinales ont été stoppées. A cela s’ajoute une pénurie de doses : 36 millions ont déjà été utilisées, soit les 3 quarts de la réserve mondiale. Il y avait au moins deux fabricants de ce vaccin, mais l’un d’entre eux a jeté l’éponge, s’inquiète l’infectiologue Renaud Piarroux de la Pitié Salpetrière à Paris. « Si on doit vacciner 2 milliards de personne à risque, on ne va pas y arriver. Il faut distribuer le vaccin dans l’entourage des cas de choléra », préconise-t-il. Les vaccins sont donc distribués au compte-gouttes. Les ONG doivent désormais n’utiliser qu’une seule dose au lieu des deux recommandées. Mais cette stratégie comporte des risques, car la protection contre le virus tombe à seulement 60% d’efficacité.
Rémi Pfister
Retrouvez le reportage de Rémi Pfister à partir de 05:45