L’armateur CMA CGM a trouvé un accord pour racheter la branche logistique du groupe Bolloré. Mais alors, pourquoi Vincent Bolloré accepte-t-il de céder une part majeure de son empire ? Le groupe marche actuellement sur deux jambes…
D’un côté, il y a la branche du groupe Bolloré que l’on pourrait appeler historique et dont le principal actif est l’activité logistique et le transport de marchandise pour les entreprises. De l’autre, le groupe est l’actionnaire de contrôle de Vivendi, qui possède Canal+, de l’agence de publicité Havas. Il possède également des parts dans le numéro un de la musique, Universal, et va bientôt racheter Lagardère et donc détenir l’éditeur Hachette et les boutiques Relay dans les gares et les aéroports.
Si Vincent Bolloré revend la partie logistique, c’est d’abord parce que CMA CGM – qui a gagné énormément d’argent depuis deux ans – lui a fait une offre à plus de cinq milliards, qui valorise très bien cet actif. Mais c’est aussi parce que le métier de la logistique a changé de dimension. C’était un métier d’acteurs de taille moyenne, c’est devenu un métier de géants.
Vincent Bolloré a vendu ses ports en Afrique à MSC, l’hiver dernier
Dans la logistique, il y a des acteurs qui sont nés dans les airs comme FedEx, connu pour ses avions. D’autres étaient forts sur terre, comme UPS ou DHL ou sur les mers comme CMA CGM, MSC ou Maersk. Certains – comme Bolloré – géraient surtout des ports et des entrepôts et jouaient un rôle d’intermédiaire, d’organisateur du transport.
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Depuis quelques années, le métier se verticalise et se consolide. Les acteurs remontent la chaîne de valeur pour pouvoir offrir tous les services. Il faut donc être très riche pour devenir très gros.
C’est sans doute parce qu’il n’avait pas les moyens d’atteindre la taille critique, que Bolloré a vendu ses ports en Afrique l’hiver dernier à MSC, pour un peu plus de 5 milliards. Et c’est sûrement pour ça qu’il vend, aujourd’hui, ses entrepôts et ses spécialistes de la logistique à CMA CGM pour 5 milliards de plus.
Le groupe Bolloré pourrait s’intéresser à l’éditeur américain Simon & Schuster
En additionnant toutes ces cessions, ainsi que la vente du capital d’Universal Music et les actions qu’ils détiennent encore, les groupes Bolloré et Vivendi ont récupéré plus de 15 milliards d’euros.
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Cet argent va être en partie utilisé pour financer une offre publique d’achat sur Lagardère. C’est la seule certitude. On sait que le groupe pourrait s’intéresser à l’éditeur américain Simon & Schuster. Il pourrait monter au capital du groupe de télévision, par satellite sud-africain Multichoice. Il pourrait aussi financer un rachat de toutes les actions Vivendi pour sortir le groupe de la Bourse, ou pourquoi pas investir dans le développement de l’activité « boutiques » du réseau Relay.
Le capitalisme est une guerre de mouvement. Le groupe Bolloré est en train de récupérer des munitions. On ne sait pas encore sur quel front, mais un jour c’est sûr : il va repasser à l’attaque en essayant de retrouver des métiers dans lesquels le groupe peut rivaliser avec les plus grands à l’échelle du globe.
David Barroux