Livret A : Pourquoi augmenter son taux à 4% est une mauvaise idée

JEANNE ACCORSINI/SIPA

Bruno Le Maire a ouvert la porte, hier, à une hausse du taux du Livret A à l’été. Il pourrait être porté de 3 à 4% à partir du 1er août si l’inflation persiste. Il faut dire que ce relèvement provoquerait de nombreux dégâts.

Alors que la construction de logements neufs s’effondre, ce taux de 4% au minimum, viendrait renchérir les coûts d’emprunt des organismes HLM, dont le financement est adossé aux dépôts du Livret A. Mais ce serait une mauvaise nouvelle aussi pour le financement du reste de l’économie.

En propulsant la rémunération du Livret A au-delà des 3%, les pouvoirs publics bousculeraient la hiérarchie des placements. Ils donneraient une prime à un produit d’épargne liquide au détriment des placements plus longs et moins rémunérateurs comme l’assurance-vie, dont les réserves financent l’économie réelle, mais aussi la dette publique.

Bercy veut se poser en défenseur du pouvoir d’achat

Ce serait enfin, une incitation puissante à épargner davantage plutôt qu’à consommer. Un choix économiquement discutable au moment où la croissance est déjà faible. Dans ces conditions, pourquoi Bercy est-il favorable à cette hausse ? Afin de se poser en défenseur du pouvoir d’achat. Au moment où les ménages sont confrontés à une inflation persistante, particulièrement sensible sur les produits du quotidien, la posture est tentante, c’est certain.

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D’autant que le gouvernement ne dispose plus de beaucoup de leviers pour s’attaquer au sujet. Après trois années de quoi qu’il en coûte, le nécessaire redressement des finances publiques impose une certaine modestie dans les gestes fiscaux. De quoi rendre difficile, à court terme, le projet présenté récemment par Elisabeth Borne de baisser les impôts des classes moyennes durant le quinquennat.

Dans ce contexte, la hausse du taux du Livret A tomberait à pic. Elle enverrait un signal politique fort, sans pour autant coûter un sou au Trésor. Une solution miracle en quelque sorte, dont les effets négatifs ne se feraient pas sentir immédiatement. Mais seraient certains dans la durée.

François Vidal

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