Manhattan, Annie Hall, Hannah et ses soeurs : La musique classique dans les films de Woody Allen

Ronaldgrant/Mary Evans/Sipa

Le réalisateur Woody Allen est surtout connu pour son amour pour le jazz mais la musique classique s’invite aussi chez les personnages névrosés de son univers. L’émission du 8 juin est donc consacrée au cinéaste Woody Allen et à la place de la musique classique dans ses nombreux films.

« Quand j’écoute du Wagner ça me donne envie d’envahir la Pologne »

Dans ses films, Woody Allen accorde à la musique une place importante. Il serait trompeur de penser qu’il n’y a que du jazz dans ses œuvres car lui-même joue de la clarinette. En effet, on y trouve aussi de la musique classique. Le réalisateur avait d’ailleurs déclaré : « quand j’écoute du Wagner ça me donne envie d’envahir la Pologne ». Une blague qui ne résume évidemment pas le rapport du réalisateur à la grande musique. Il y a des références classiques partout dans ses films. Il faut donc commencer par Manhattan, l’un de ses chef d’œuvre en noir et blanc et à Rhapsody In Blue de George Gershwin, qui ouvre ce film sorti en 1979. Cet enregistrement a spécialement été réalisé dans les studios de la 30ème rue, le 7 mars 1979 par l’Orchestre Philarmonique de New York dirigé par Zubin Mehta avec au piano Gary Graffman :

 

Dans Manhattan, il y a également une scène dans laquelle Woody Allen et Diane Keaton vont au concert écouter la Symphonie andante n°41 de Wolfgang Amadeus Mozart. C’est une scène d’anthologie où Allen ne sait quelle attitude adopter a côté d’une Diane Keaton décontenancée. D’ailleurs le réalisateurs réutilisera cette symphonie dans Annie Hall en 1977 :

 

Dans Guerre et amour, une satyre déjantée du roman de Tolstoï, le réalisateur convoque Serge Prokofiev et sa suite d’orchestre Lieutenant Kijé. C’est le Philarmonique de New York dirigé par Leonard Bernstein qui interprète la Troïka du Lieutenant Kijé dans cette comédie historique sortie en 1975 où l’on retrouve une fois de plus les inséparables Woody Allen et Diane Keaton :

 

8 ans plus tard, Woody Allen s’inspire non plus de Tolstoï mais de Shakespeare pour tourner Comédie érotique d’une nuit d’été, ou A Midsummer Night’s Sex Comedy en anglais. Ce film qui est bien plus musical dans sa version originale, nous donne l’occasion d’entendre Le Songe d’une nuit d’été de Felix Mendelssohn à l’occasion d’une balade en forêt au cours de laquelle l’un des personnages fait le malin en avalant un champignon qui le rend malade :

 

Dans les films de Woody Allen, la musique classique sert souvent un rapprochement entre les personnages

Dans Comédie érotique d’une nuit d’été, on retrouve Felix Mendelssohn avec le final du Concerto pour piano et orchestre n°1. Dans cette version, Rudolf Serkin est au piano accompagné de l’orchestre de Philadelphie dirigé par Eugene Ormandy.

 

Hannah et ses sœurs sort en 1986. Dans une scène du film, Michael Caine demande à Barbara Hershey si elle aime Jean-Sébastien Bach. A ce moment on entend le 2ème mouvement du Concerto pour clavier et cordes n°5 de Bach qui semble être là pour jouer ce personnage insaisissable et invisible qu’on appelle l’amour. Ce film a reçu en 1987 l’Oscar du meilleur scénario original pour Woody Allen, l’Oscar du meilleur acteur dans un second rôle pour Michael Caine et l’Oscar de la meilleure actrice dans un second rôle pour Dianne Wiest.

 

Woody Allen expliquait en 2013 au Figaro comment il avait découvert la musique : « j’ai grandi à Brooklyn, à une époque où la radio rythmait la vie de chaque foyer américain. Nous passions notre vie à écouter à la fois les informations et la musique. Il était fréquent d’entendre des artistes comme Glenn Miller, Benny Goodman, Frank Sinatra, Louis Armstrong ou Billie Holiday ». Puisqu’il est question de jazz, il est temps d’évoquer la Moonlight Serenade présente dans le film Stardust Memories sorti en 1980. Cette composition est signée Glenn Miller.

 

Dans ce même film, on retrouve la trompette de Louis Armstrong qui a marqué la jeunesse de Woody Allen. Le jazzman interprète Stardust de Mitchell Parish et Hoagy Carmichael. Cette chanson résonne lors d’un échange de regard langoureux entre Charlotte Rampling et le réalisateur.

 

Nous espérons que cette sélection vous a donné envie de vous ruer vers the Big Apple, de revoir ou découvrir ces chefs-d’œuvre du cinéma, de voir les 5 films indispensables quand on aime la musique classique, ou d’imaginer le casting idéal pour jouer les plus grands compositeurs !

David Abiker 

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