C’est une première en Allemagne, l’Orchestre Philharmonique de Mannheim (Bade-Wurtemberg) a décidé de raccourcir sa saison en raison de l’augmentation des coûts de fonctionnement causée par la crise énergétique et l’inflation. L’ouverture de la saison officielle 2022/2023 est donc repoussée à la fin du mois de décembre.
Martha Argerich ouvrira la saison du Philharmonique de Mannheim le 22 décembre
À peine un an après la fin des restrictions imposées aux salles de concerts au plus fort de la pandémie de Covid-19, le secteur de la culture et du spectacle outre-Rhin est touché la crise énergétique et la forte inflation générées par le conflit en Ukraine. Et, même si la ministre de la Culture allemande répète que « Les institutions culturelles doivent montrer l’exemple en contribuant à la réduction de la consommation d ‘énergie sans compromettre leur fonctionnement », la réalité de la situation (+ 10% d’inflation en septembre et + 44% pour les prix de l’énergie) contraint certaines institutions à prendre des mesures radicales.
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C’est le cas de l’Orchestre Philharmonique de Mannheim qui a annoncé repousser le début de sa saison officielle de deux mois. Par conséquent, deux grandes soirées programmées le 24 octobre (avec la pianiste Plamena Mangova qui devait jouer des pièces de Liszt et Tchaïkovski) et le 20 novembre (Elgar et Bruckner interprétés par le violoncelliste Kyril Zlotnikov) ont été annulées et le concert d’ouverture n’aura lieu que le 22 décembre avec la pianiste Martha Argerich qui interprétera des oeuvres de Mozart (Symphonie n° 41), Schubert (Ouverture D 470) et Beethoven (Concerto pour piano et orchestre n° 2).
Daniel Weissmann (Philharmonique Royal de Liège) : « Nous sommes devenus les otages d’une situation incontrôlable »
Si le Mannheimer Philarmoniker est le 1er grand orchestre à prendre ce genre d’initiative en Europe, d’autres commencent à se poser des questions quant au maintien de leur programme cette saison et après 2023 si la situation perdure. En Belgique par exemple, l’Orchestre Philharmonique de Liège va être obligé de prendre des décisions qui vont impacter sa programmation. Interrogé par RTL, Daniel Weissmann son directeur général indique : « On est passé de 4500/4800 euros par mois de dépenses en énergie à une fourchette comprise entre 12 000 et 14 000 euros. Résultat : le budget annuel dédié à ce poste est passé de 60 000 à 200 000 euros. Nous sommes devenus les otages d’une situation incontrôlable« .
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Pour les petites formations obligées de louer des salles, la situation est encore pire. « Avant la crise, le prix de la location d’une salle était en moyenne de de 910 euros et on se retrouve maintenant à un montant de 5000 euros sachant que même en conditions normales, nos marges bénéficiaires sont très faibles » explique le président de l’orchestre symphonique amateur Terra Nova de Namur qui a annulé toutes ses représentations programmées cette année.
Philippe Gault